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rapports entre certains livres hippocratiques.

Elles sont une composition tout à fait indépendante, dont le caractère est la réunion d’une série de propositions qui sont relatives aux présages dans les maladies, mais qui ne sont pas rangées systématiquement. Au contraire, l’auteur du Pronostic a systématisé son sujet, et il a pris, dans ces propositions, ce qu’il a jugé convenable, élaguant le reste, ajoutant du nouveau, et disposant le tout suivant un plan régulier. En un mot, ce qui prouve que les Prénotions de Cos ne sont pas extraites du Pronostic, c’est qu’elles contiennent plus de choses et des choses différentes ; ce qui prouve qu’elles ont servi de matériaux au Pronostic, c’est que les propositions particulières des Prénotions de Cos, qui n’en ont point de générales, sont les éléments des propositions générales du Pronostic, qui n’en a pas de particulières. Ce rapport du particulier au général entre les Prénotions et le Pronostic est très remarquable, et il est décisif dans la question de savoir lequel de ces deux livres est postérieur à l’autre.

Tel n’a pas été, je le sais, l’avis de Galien, qui a dit : « Celui qui prendra toutes les propositions des Prorrhétiques comme des règles générales, tombera dans de graves erreurs. Il en est de même de la plupart des propositions que contient le livre des Prénotions de Cos. Quelques passages des Aphorismes, du Pronostic et des Épidémies, y sont intercalés ; et ce sont les seules propositions véritables qui soient dans les Prorrhétiques et les Prénotions de Cos[1]. »

Mais en ceci Galien évidemment s’est trompé ; il a pris pour une preuve de postériorité ce qui est une preuve d’antériorité, ou plutôt il n’a pas approfondi cette question, et a prononcé rapidement un jugement où domine surtout son

  1. Galien, t. v, p. 407, Éd. Basil.