Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/28

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et il y passait la nuit ; c’est ce qu’on appelait l’incubation. Aristophane, dans sa comédie de Plutus, en fait une description très plaisante. Mais pour les malades c’était quelque chose de sérieux. Pendant la nuit le dieu leur apparaissait et leur prescrivait les remèdes nécessaires. Le lendemain le malade racontait sa vision, et était soumis en conséquence au traitement ordonné. Les Asclépions étaient généralement placés dans une contrée saine, dans un site riant ; un bois sacré les entourait toujours, de sorte que toutes les conditions de salubrité et d’agrément s’y rencontraient. Ces bois, du moins pour l’île de Cos, étaient formés d’arbres de haute futaie ; car Turullius, lieutenant d’Antoine, coupa celui de Cos pour en construire une flotte[1].

Les prêtres médecins allaient-ils exercer leur ministère en dehors des temples ? Schulze admet la négative ; mais cet excellent historien de la médecine me paraît n’avoir pas donné autant d’attention qu’il en donne ordinairement aux faits consignés dans les livres : l’exemple d’Hippocrate est décisif dans cette question ; il appartenait, dans le sacerdoce médical, à une famille illustre qui se disait descendue d’Esculape ; nul n’était donc plus que lui lié par tous les usages, par toutes les règles qui dirigeaient la pratique de l’art parmi les prêtres-médecins. Néanmoins il parcourut comme médecin périodeute ou ambulant différentes parties de la Grèce, et il y exerça la médecine ; il ne peut donc y avoir aucun doute sur ce point : les prêtres des Asclépions, qui traitaient les malades dans leurs temples, allaient aussi les traiter au-dehors. Ils ne faisaient, au reste, que ce que faisaient de leur côté

  1. Præfectus M. Antonii, Turullius, cum apud Coos everso Esculapii luco classem fecisset, eodem postea loco a militibus Cæsaris est interfectus. Lact., de Orig. err. lib. 2.