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publication de la collection hippocratique.

dans la Collection hippocratique, l’indication de livres déjà perdus quand la première publication s’en opérait ? Un faussaire n’aurait pas manqué de compléter la collection, ou plutôt il n’aurait jamais mis ces renvois à des traités perdus. Au reste, c’est revenir à une démonstration qu’on obtient par une autre voie, à savoir qu’un faussaire n’aurait jamais publié des notes sans forme, sans rédaction, sans cohérence. Il aurait plus soigné ce qu’il voulait vendre. Rien ne me paraît mieux établi que ces deux faits contradictoires au premier abord : 1° que dans la Collection hippocratique entrent bon nombre de livres qui ne sont pas d’Hippocrate ; 2° que ces livres sont très sincères, en ce sens qu’ils sont l’œuvre de médecins qui ont vécu depuis le temps d’Hippocrate jusqu’à celui de la fondation des bibliothèques. Il faut admettre ensemble ces deux faits ; et leur admission simultanée jette un jour tout nouveau sur le mode de formation de la Collection hippocratique elle-même. À cette époque, les monuments littéraires étaient facilement anéantis. Des livres renfermés dans une maison particulière, et dont il n’y avait peut-être qu’une seule copie, étaient sujets à une foule de chances de destruction. Aussi ont-ils péri en grand nombre. Et cela n’est pas arrivé seulement aux œuvres hippocratiques : Aristote cite les œuvres du médecin Syennésis de Chypre, de Léophanès et de bien d’autres ; tout cela n’a plus été cité par personne, tout cela avait péri avant d’acquérir une publicité étendue, avant d’être déposé dans les bibliothèques publiques. Quand donc elles s’ouvrirent, quand elles offrirent un prix élevé aux vendeurs, ceux qui se trouvaient les derniers nantis de tous ces monuments médicaux, les rassemblèrent et les portèrent en bloc à ceux qui recherchaient cette marchandise. Mais dès lors ils n’avaient plus