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publication de la collection hippocratique.

serait arrivé aux grands tragiques d’Athènes ce que Galien nous apprend être arrivé à plusieurs poètes comiques et tragiques : « On trouve, dit-il, chez les Athéniens, le nom de poètes comiques et tragiques qui ont glorieusement remporté les prix du théâtre et dont les pièces ont péri[1]. » Rapprochons ce fait d’un autre fait plus ancien, il est vrai, mais également significatif. Les Athéniens pris dans la malheureuse expédition de Sicile et réduits en esclavage, adoucirent singulièrement leur sort en répétant des fragments de leurs grands poètes à leurs maîtres, qui, émus d’une aussi belle poésie, allégèrent les chaînes des captifs. Mais cela même montre que les vers de Sophocle et d’Euripide étaient nouveaux pour les Siciliens, que les œuvres de ces tragiques n’étaient connues que par les représentations scéniques, et que les exemplaires n’en circulaient que peu dans la Grèce.

En septième lieu, les plus anciens critiques ont hésité pour décider à quels auteurs on devait attribuer les ouvrages qui forment la Collection hippocratique. Il ne faut pas croire, en effet, que l’impossibilité de reporter cette Collection au-delà du temps de Philinus et d’Hérophile n’existe que pour nous, critiques modernes qui examinons ce point d’histoire littéraire, privés d’une foule de documents, de pièces et de livres qui abondaient dans l’antiquité. Galien n’y a pas réussi ; et, toutes les fois qu’il se trouve en face des difficultés que présente l’explication de la Collection hippocratique, il hésite, il attribue au gendre, aux fils, aux petits-fils d’Hippocrate les traités qui, évidemment, ne peuvent appartenir à Hippocrate lui-même ; il assure que ceux qui manquent de tout ordre, de toute rédaction, ont été publiés, après sa mort,

  1. Tome v, p. 4.