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introduction.

par ses descendants, dans l’état où il les avait laissés ; mais nulle part il n’articule aucun fait positif, aucun témoignage qui prouvent que cette Collection existât avant l’époque que j’ai indiquée. Il importe de se rappeler en même temps que, dès cette époque aussi, elle avait toutes les incohérences, tout le désordre qui y ont été remarqués plus tard. Un récit conservé par Galien servira à comprendre comment les plus anciens critiques n’ont pu aller au-delà du terme fixé plus haut.

Le même Ptolémée avait donné l’ordre qu’on demandât à tous les marchands et navigateurs qui affluaient à Alexandrie les livres qu’ils avaient avec eux. On en prenait copie ; on rendait cette copie au possesseur, et l’original était déposé dans la Bibliothèque avec cette inscription : Livre des navires (τὰ ἐκ πλοίων). On y ajoutait le nom de celui qui l’avait apporté.

Ces détails s’appliquent immédiatement à un des livres de la Collection hippocratique. Certaines histoires de malades, dans le 3e livre des Épidémies, sont terminées par des caractères dont l’interprétation et l’origine ont beaucoup exercé les commentateurs anciens ; je ne m’occuperai ici que de l’origine. Les uns prétendaient que le 3e livre des Épidémies avait été apporté par Mnémon, de Sida en Pamphylie, médecin attaché à la doctrine de Cléophante, avec les caractères ; ils disaient que cet exemplaire portait la suscription de Livre des navires, d’après la correction de Mnémon (κατὰ διορθωτὴν Μνήμονα) ; mais il y avait divergence à cet égard, et quelques-uns assuraient que le nom seul de Mnémon était inscrit sur le livre suivant l’usage signalé plus haut. Les autres soutenaient que Mnémon avait emprunté l’exemplaire de la Bibliothèque royale d’Alexandrie, et l’avait rendu après y avoir inscrit les caractères qui ont tant tourmenté les critiques.