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publication de la collection hippocratique.

bles ; l’histoire littéraire serait là pour me réfuter ; et ils ne sont pas impossibles même aujourd’hui, bien qu’ils soient rendus bien plus difficiles par tous les moyens de vérification que nous possédons. Je veux seulement dire que le dépôt dans les grandes bibliothèques mit des entraves à ce genre de contrefaçon ; que la circonstance que des livres restent long-temps celés au public, et entre les mains d’une famille, d’une école, d’une secte, est la circonstance la plus favorable pour qu’on les interpole, pour qu’on y ajoute, pour qu’on en retranche, pour qu’on change les noms ; et le fait est, pour la Collection hippocratique, qu’elle ne changea plus depuis le premier moment où elle fut formée, jusqu’à Galien. J’ai montré qu’elle a changé un peu de Galien jusqu’à nous, c’est-à-dire qu’il y est entré un certain nombre de morceaux peu importants et inconnus à l’antiquité : c’est qu’en effet, dans cet intervalle, les bibliothèques brûlèrent bien des fois, les livres redevinrent rares, la culture des sciences s’affaiblit notablement, et alors il s’introduisit, sans autorité, dans la Collection hippocratique, des morceaux dont nous constaterons aujourd’hui l’illégitimité, justement parce qu’ils n’ont pas figuré dans les anciens dépôts publics, parce qu’ils n’ont pas été expliqués par les commentateurs, parce qu’ils n’ont pas été mentionnés par les auteurs qui se sont succédé dans l’intervalle.

Ainsi donc, résumant tout ce qui vient d’être dit, rappelant que la Collection hippocratique ne remonte pas, dans sa forme actuelle, au-delà d’Hérophile, qu’elle présentait dès lors tout le désordre qu’elle a présenté plus tard, que les premiers critiques n’ont pas pu mieux que les autres assigner la part de chaque auteur dans cette masse de livres ; que par conséquent la publication s’en était faite sans qu’il restât des indices suffisants pour décider ces questions ; qu’elle porte,