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introduction.

eut été le sujet de commentaires, il se trouva bien mieux garanti contre des altérations préméditées. Et Galien lui-même le constate dans sa polémique contre les éditeurs qui changeaient témérairement les vieilles leçons qu’ils ne pouvaient interpréter ; il ne manque pas de leur objecter qu’il faut bien reconnaître l’authenticité du texte, puisque ce texte a été lu de la même façon par Héraclide, par Glaucias, par Apollonius, par Bacchius. En un mot, tant que les livres restaient cachés, hors de la circulation, il était facile d’en changer le titre, d’y ajouter des portions hétérogènes, de substituer un nom d’auteur à un autre ; et c’est ce qui arriva sans nul doute lorsque les grandes bibliothèques publiques s’ouvrirent, et appelèrent de toutes parts les livres qu’elles payaient fort cher. On se mit à l’œuvre : les uns forgèrent des livres, les autres effacèrent les véritables noms et, à la place, en inscrivirent d’autres qui se vendaient à un plus haut prix. Mais il n’est pas moins vrai que, du moment que ces livres, tels quels, furent arrivés dans ces bibliothèques, ils ne furent plus sujets ni à changements, ni à substitutions. Être placés dans ces dépôts publics, ce fut pour eux un certificat d’authenticité, qui se transmit de siècle en siècle, de catalogue en catalogue, de commentaire en commentaire. Cela est tellement positif, que la Collection hippocratique (puisqu’ici il n’est question que d’elle) ne subit pas une seule altération depuis cette époque, et que Galien l’a connue telle que l’avaient connue les plus vieux commentateurs, tandis que, durant les temps antérieurs au premier dépôt dans les bibliothèques d’Alexandrie, elle avait été manifestement interpolée, puisqu’on y trouve un écrit qui est de Polybe, suivant le témoignage d’Aristote, seul décisif en ceci. Je ne prétends pas dire que, du moment que les bibliothèques publiques furent ouvertes, les apocryphes devinrent impossi-