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introduction.

tés. La Collection aristotélique, comme la Collection hippocratique, a fait soudainement son apparition au jour de la publicité. Celle d’Aristote était restée enfouie entre les mains de gens ignorants à qui ces livres étaient arrivés par la circonstance fortuite d’un héritage ; ils n’avaient aucune notion détaillée de ces livres ; ils ne connaissaient pas l’origine précise de chacun d’eux ; ils ne savaient s’ils étaient tous d’Aristote, ou si quelques-uns étaient l’œuvre de Théophraste, de Nélée, de tel autre disciple inconnu du chef de l’école péripatéticienne. Néanmoins ils ont tout vendu au riche Apellicon sous l’appellation commune d’Aristote, sans s’inquiéter des apocryphes qui pouvaient s’y trouver, et sans se soucier des embarras qu’ils allaient donner aux critiques. Qu’ai-je dit pour Hippocrate ? la Collection hippocratique, quoique composée de parties hétérogènes, n’a-t-elle pas reçu un nom commun ? cette collection n’a-t-elle pas paru tout à coup dans le monde littéraire ? avant elle, n’est-ce pas un fait que peu de livres hippocratiques seulement étaient connus du public ? quelle ressemblance plus minutieuse peut-on trouver ? et les circonstances de la formation de la collection aristotélique coïncidant si exactement avec les circonstances de la formation de la Collection hippocratique, ne confirment-elles pas tout ce que j’ai cherché à établir dans ce chapitre ?

Qu’on suppose un moment que le récit que nous a transmis Strabon ne fût pas arrivé jusqu’à nous, et que nous fussions sans renseignement sur le mode de publication des œuvres aristotéliques. En voyant qu’un petit nombre de ces livres seulement est cité avant le temps d’Apellicon, n’aurions-nous pas conclu que la collection dès lors n’était pas publique ? En la voyant constituée immédiatement après cette époque, n’aurions-nous pas conclu que c’était alors qu’elle