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publication de la collection hippocratique.

était entrée dans le domaine public ? En l’étudiant et en reconnaissant qu’elle contient des livres qui ne sont pas d’Aristote, d’autres qui sont dans le plus étrange désordre, n’aurions-nous pas conclu qu’elle n’avait pas été livrée telle qu’elle était sortie des mains du philosophe, et que les détenteurs, à quelque titre qu’ils le fussent, avaient vendu un fonds de bibliothèque, et non l’œuvre d’un homme ? et en apprenant que les plus anciens critiques hésitaient sur les caractères d’authenticité, n’aurions-nous pas conclu que l’incertitude tirait sa source du fait même qui avait donné publicité à la collection, sans donner, en même temps, sur les divers écrits, des renseignements que les derniers propriétaires n’avaient plus ?

De ce fait que la formation de la Collection hippocratique est postérieure à Aristote, de cet autre fait, qu’elle est antérieure à Hérophile, je suis autorisé à placer cette formation dans l’intervalle qui sépare Aristote d’Hérophile, et probablement au moment où le premier Ptolémée fonda la bibliothèque d’Alexandrie, bibliothèque qui prit de si grands accroissements sous Ptolémée Philadelphe et sous Ptolémée Évergète, et qui, excitant la rivalité des rois de Pergame, fut cause de l’invention du parchemin. C’est vers l’an 320 avant J.-C., que Ptolémée fils de Lagus établit sa bibliothèque ; c’est vers l’an 300 qu’Hérophile a particulièrement fleuri comme médecin et comme écrivain ; et de son temps la Collection était formée et publiée. Ces deux faits établissent, avec une approximation suffisante, la date de la publication de la Collection hippocratique. D’un autre côté, si l’on se rappelle que l’examen intrinsèque de la Collection nous a conduits à placer la composition des plus récents traités vers le temps d’Aristote et de Praxagore, si l’on se rappelle encore que les derniers hippocratiques ont pratiqué la médecine