Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/31

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Ainsi, dans le siècle qui a précédé immédiatement Hippocrate, on peut se faire une idée de l’activité médicale qui régnait dans les Asclépions et parmi les asclépiades : traitement des malades dans les temples et hors des temples ; relation, sur des tablettes, des principaux accidents et des moyens de traitement ; recueil de ces notes ; publication de livres {Sentences cnidiennes) ; et déjà traces d’un double système, l’un qui consistait à noter tous les symptômes, et à en faire presque autant de maladies distinctes ; l’autre qui recherchait ce que les symptômes avaient de commun comme indices de l’état des forces et du cours de la maladie. Mais le temps approchait où rien ne devait empêcher la médecine de sortir du fond des temples, et de prendre un développement plus vaste au milieu d’une société qui, de tous côtés, se précipitait vers la science. En dehors du sacerdoce médical il s’opérait le plus notable des changements, et une science, créée par d’autres mains que les siennes, l’entourait de toutes parts et le débordait. Il s’agit des premiers philosophes grecs et de leurs travaux.

C’est là, en effet, la seconde source de la médecine grecque au temps d’Hippocrate, et immédiatement avant lui. Ces anciens philosophes avaient pris la nature pour objet de leurs études ; et presque tous avaient composé des livres sous ce titre ; tels sont Mélissus, Parménide, Empédocle, Alcméon, Gorgias et bien d’autres[1]. Ces livres ont péri ; il n’en reste

  1. Τὰ γὰρ τῶν παλαιῶν ἅπαντα περὶ φύσεος ἐπιγέγραπται, τὰ Μελίσσου, τὰ Παρμενίδου, τὰ Ἐμπεδοκλέους, Ἀλκμαίωνός τε καὶ Γοργίου, καὶ Προδίκου, καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων. Gal. t. 1, p. 56. Ed. Basil. Tous ces écrits sont antérieurs à Hippocrate ; quelques-uns, par exemple, ceux, de Mélissus, de Gorgias et de Prodicus, étaient en prose. Je consigne ici cette remarque pour réfuter Sprengel, qui, dans son Apologie d’Hippocrate, dit que ce mé-