Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/30

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piades avait été recruté par voie d’association et d’initiation ; on en a une preuve manifeste dans le Protagoras de Platon[1]. Socrate demande à un des interlocuteurs de ce dialogue ce qu’il se proposerait s’il allait étudier la médecine sous Hippocrate de Cos ; l’autre répond que ce serait pour se faire médecin. On devenait donc médecin dans les écoles des asclépiades, sans tenir à aucune famille sacerdotale. D’ailleurs, comment aurait-il pu se faire que le nombre très considérable d’Asclépions répandus dans tous les pays de langue grecque fussent desservis par les membres d’une seule famille ?

Les asclépiades formaient donc une corporation qui, dans un temps reculé, avait eu le privilège exclusif de la pratique médicale, mais qui, vers le temps d’Hippocrate, commençait à le partager avec une foule d’autres concurrents ; il est probable que pendant le long espace de temps où ils existèrent seuls, ils en avaient été fort jaloux, Isidore[2] dit : « Esculape ayant été tué d’un coup de foudre, on rapporte que la médecine fut interdite, l’enseignement en cessa avec son auteur, et elle resta cachée pendant près de 500 ans, jusqu’au temps d’Artaxerce, roi des Perses. Alors elle fut remise en lumière par Hippocrate descendu d’Esculape, et né dans l’île de Cos. ». Schulze[3] donne une explication ingénieuse du récit mythologique où l’on représente Esculape foudroyé pour avoir enseigné la médecine aux hommes, et il pense que les prêtres qui desservaient ces temples exprimaient par ce symbole l’obligation de renfermer la science dans l’enceinte sacrée, et de ne pas la jeter dans les mains profanes du vulgaire.

  1. T. 2, p. 159, Ed. Tauchn.
  2. De origin., iv, cap. 3.
  3. Historia medicinæ, p. 252.