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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

que disent Hippocrate et la raison, la difficulté est palpable, et le sens est troublé. Mettez : vois ce que pourraient dire Hippocrate et la raison, le sens est net, et tout se lie et s’explique.

Ce n’est pas tout : le passage de Platon ne devient clair et intelligible que par le passage d’Hippocrate. En effet, écartons pour un moment le souvenir de la doctrine du médecin, et considérons en lui-même le raisonnement du philosophe. Il commence par poser qu’on ne peut connaître l’âme ou le corps sans l’étude de l’ensemble des choses. Il faut s’arrêter à cette pensée, qui est pleine de grandeur, et essayer de la comprendre, sans tenir aucun compte du commentaire qu’y joint Platon. Le sens le plus naturel qu’elle comporte paraît être que, l’âme et le corps étant des parties d’un grand tout, la connaissance du tout est indispensable à la connaissance des parties. C’est la première interprétation qui se présente à l’esprit. Mais de quelle manière Platon commente-t-il lui-même cette pensée ? Suivant lui, cela veut dire que, pour étudier la nature d’une chose, du corps ou de l’âme, par exemple, il faut rechercher si elle est simple ou composée, et quelles sont les actions qu’elle exerce ou qu’elle reçoit. La pensée et le commentaire sont fort éloignés l’un de l’autre ; étudier l’ensemble des choses pour connaître la nature d’un objet, et étudier les actions que cet objet exerce ou reçoit, ne semblent pas deux propositions dérivées l’une de l’autre par un enchaînement immédiat. L’étude de l’ensemble des choses ne peut signifier l’étude des actions qu’exerce ou que reçoit un objet, qu’autant que cette doctrine est expliquée. Or, rien de plus clair que cette explication, du moment qu’on a lu le livre de l’Ancienne médecine. Du temps d’Hippocrate, on prétendait qu’il n’était pas possible de connaître la médecine sans savoir ce qu’était l’homme. Hippocrate répond à ceux qui avaient cette opinion : « Je pense, au con-