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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

Il est possible d’ajouter quelques remarques qui complètent l’intelligence des rapports qu’a le livre de l’Ancienne médecine avec les doctrines de ce temps. Platon dit dans le Sophiste : « Vous qui dites que le froid et le chaud, ou deux agents semblables, constituent l’universalité des choses…[1]. » Dans Hippocrate on lit : « Ceux qui prennent pour hypothèse le chaud, le froid, l’humide ou le sec, ou tout autre agent, attribuent la cause des maladies et de la mort à un ou deux de ces agents comme à une cause première et toujours la même[2]. » Je n’insisterai pas sur la similitude des expressions, quoiqu’il fût possible que Platon les eût copiées dans un livre qu’il avait entre les mains ; je ne m’attacherai pas à d’autres locutions identiques, Platon disant dans ce même dialogue (t. ii, p. 42, Éd. Tauch.) τῷ ταύτην τὴν ὑπόθεσιν ὑποθεμένῳ, comme Hippocrate dit ὑπόθεσιν σφίσιν αὐτέοισιν ὑποθέμενοι ; mais je ferai remarquer que la polémique instituée par Hippocrate contre les sophistes et les médecins est bien véritablement relative aux questions qui s’agitaient de son temps. Il combat, on vient de le voir, quelques points de philosophie que Platon fait combattre à Socrate dans le Sophiste. De plus il attaque l’application, dans la médecine, des doctrines de l’école d’Élée, et plus particulièrement de Zénon, qui supposait que toutes choses étaient constituées par le chaud, le froid, le sec et l’humide. Le dialogue le Sophiste a quelques analogies avec le traité de l’Ancienne médecine ;

  1. Ὁποσοι θερμὸν καὶ ψυχρὸν ἢ τινε δύο τοιούτω τὰ πάντ’εἶναί φατε… Tome ii, p. 41, Éd. Tauch.
  2. Ὁκόσοι… ὑπόθεσιν σφίσιν αὐτέοισιν ὑποθέμενοι τῷ λόγῳ θερμὸν, ἢ ψυχρὸν, ἢ ὑγρὸν, ἢ ξηρὸν, ἢ ἄλλ’ὅτι ἂν ἐθέλωσιν… τὴν ἀρχὴν τῆς αἰτίης τοῖσιν ἀνθρώποισι τῶν νούσων τε καὶ τοῦ θανάτου καὶ πᾶσι τὴν αὐτὴν, ἓν ἢ δύο προθέμενοι. De Vet. Med., p. 4, Éd. Frob.