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introduction.

et je suis porté à croire qu’Hippocrate a été, ici, mis à contribution par Platon.

Dans ce traité, Hippocrate dit qu’il faut expliquer aux gens ignorants en médecine les maladies qu’ils éprouvent, et qu’on s’écarte de la réalité quand on ne sait pas se faire comprendre d’eux[1]. Cette idée est certainement singulière. Mais Platon, en plusieurs endroits de ses ouvrages, dit la même chose : « Le médecin, s’enquérant auprès du malade et de ses amis, apprend du patient certains détails, et l’instruit sur sa maladie autant que cela est possible. Il ne lui fait une prescription qu’après l’avoir persuadé[2]. » Ailleurs, il représente le médecin conversant avec son malade, allant dans ses explications jusqu’à la philosophie, reprenant la maladie dès son origine, et développant toute la nature du corps[3]. On voit que ce que le livre de l’ Ancienne médecine expose touchant le rapport des médecins et des malades, a son fondement dans des usages établis, qui ont été mentionnés par Platon.

La comparaison dont je viens de soumettre les éléments au lecteur, prouve, ce me semble, que Platon avait en vue le passage pris dans le traité de l’Ancienne médecine et tout ce traité lui-même, lorsqu’il citait Hippocrate dans le Phèdre.

  1. Εἰ δέ τις τῶν ἰδιωτέων γνώμης ἀποτεύξεται, καὶ μὴ διαθήσει τοὺς ἀκούοντας, οὗτος τοῦ ἐόντος ἀποτεύξεται. P. 5, Éd. Frob.
  2. Τῷ κάμνοντι κοινούμενος αὐτῷ τε καὶ τοῖς φίλοις, ἅμα μὲν αὐτὸς μανθάνει τὶ παρὰ τῶν νοσούντων, ἅμα δὲ καθόσον οἷός τε ἐστὶ διδάσκει τὸν ἀσθενοῦντα· καὶ οὐ πρότερον ἐπέταξε πρὶν ἄν πη ξυμπείσῃ). De Leg., A, tome vi, p. 134, Éd. Tauch.
  3. Νοσοῦντι διαλεγόμενον ἰατρὸν, καὶ τοῦ φιλολοφεῖν ἐγγὺς χρώμενον μὲν τοῖς λόγοις, ἐξ ἀρχῆς τε ἁπτόμενον τοῦ νοσήματος, περὶ φύσεως πάσης ἐπανιόντα τῆς τῶν σωμάτων. De Leg., 9, tome vi, p. 317, Éd. Tauch.