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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

médecins à montrer, et cependant il les représente comme les disciples fidèles de leur maître, et ridiculise leur pratique. Au lieu de citer Hippocrate lui-même, il les cite, et ici Galien ajoute qu’il suffit, pour le confondre, de recourir au traité même d’Hippocrate ; ce qui n’aurait aucun sens, si ce traité et Hippocrate n’étaient pas compris, d’une façon ou d’autre, dans la censure dirigée contre les deux disciples. Plus loin, il remarque que la fin, apocryphe suivant lui, du livre du Régime dans les maladies aiguës, était, du temps d’Érasistrate, jointe à la partie authentique, et après cette remarque il s’écrie : On ne peut concevoir l'audace d’Érasistrate, qui se moque des petites mesures d’Apollonius et de Dexippe. Quelle liaison y a-t-il entre ces deux phrases, à moins qu’on ne suppose, comme je l’ai fait plus haut, un passage d’Érasistrate où il était dit que ces deux médecins observaient les maximes du traité du Régime dans les maladies aiguës. Alors Galien a raison d’accuser de mauvaise foi Érasistrate, qui s’obstinait à faire remonter à Hippocrate la responsabilité de la pratique de deux disciples, et ne voulait pas discuter le texte même du médecin de Cos.

Quoiqu’il en soit à cet égard, il demeure constaté que non seulement ce traité a été connu comme hippocratique par Bacchius, mais encore qu’il existait à Alexandrie dès le temps d’Érasistrate, et que ce médecin l’avait critiqué d’une façon ou d’autre. Les témoignages antérieurs manquent, il est vrai ; mais ceci admis, allons plus loin. L’auteur de ce traité ne combat-il pas les médecins cnidiens qui donnent un nom de maladie à chaque symptôme ? l’auteur du Pronostic ne déclare-t-il pas formellement s’abstenir d’énumérer des noms de maladie, disant que les signes généraux de pronostic suffisent à son but ? n’est-ce pas une polémique cachée contre les Cnidiens ? et les deux livres n’appartien-