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introduction.

animaux, liv. III, ch. 3) cite un long morceau sur les veines qu’il attribue à Polybe en termes exprès ; car, après avoir rapporté les opinions de Syennésis de Chypre et de Diogène d’Apollonie, il ajoute : Polybe s’exprime ainsi : (Πόλυβος δὲ ὧδε) ; et, après avoir fini la citation, il la clôt en ces termes : ce que disent les autres est à peu près semblable (τὰ μὲν οὖν ὑπὸ τῶν ἄλλων εἰρημένα σχεδὸν ταῦτ’ ἐστίν). Or, tout ce long morceau se retrouve textuellement dans le traité de la Nature de l’homme[1]. Cela est absolument incontestable.

Cependant Galien a essayé, avec une insistance toute particulière, de faire prévaloir l’opinion que ce traité appartenait à Hippocrate, opinion, du reste, fort contestée, comme il nous l’apprend lui-même, par d’autres critiques. Son grand argument est le passage de Platon que j’ai longuement discuté au sujet de l’Ancienne médecine. Je n’y reviendrai pas.

Il va jusqu’à dire que l’anatomie des veines, telle qu’elle est dans le livre de la Nature de l’homme, n’est ni d’Hippocrate, ni de Polybe[2], et que cela a été démontré par d’autres, et sera démontré par lui dans l’ouvrage qu’il consacrera, si Dieu lui en accorde le temps, à l’examen des livres qui sont véritablement d’Hippocrate. Entre l’assertion de Galien, vivant plus de 500 ans après Polybe, et qui n’en a jamais vu les écrits, et l’assertion d’Aristote, presque contemporain de ce même Polybe, et qui a eu ses livres entre

  1. Page 23, Éd. Frob.
  2. Ἀλλ’ ὅτι μὲν οὐκ ἔστι γνήσιος οὔθ Ἱπποκράτους, οὔτε Πολύβου τῶν εἰρημένων φλεβῶν ἡ ἀνατομὴ, καὶ πρὸ ἡμῶν ἑτέροις ἀποδέδεικται, καὶ ἡμεῖς δ’ ἂν (εἰ θεὸς δοίη ποτὲ περὶ τῶν γνησίων Ἱπποκράτους συγγραμμάτων πραγματεύσασθαι) διὰ πλειόων ἐπιδείξομεν ἥτις ἐστὶν Ἱπποκράτους γνώμη περὶ φλεβῶν ἀρχῆς. Tome I, p. 300, Éd. Basil.