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introduction.

tution humaine ne peut triompher de la force de l’ensemble des choses. » On voit que Galien a bien cité, et que notre traducteur a reproduit, dans son latin barbare, le texte de son auteur d’une manière reconnaissable.

Il avait même un texte correct sous les yeux, ainsi que je vais le faire voir. La phrase citée plus haut a été, avec un autre long morceau du traité des Semaines, insérée (je le dis ici par anticipation) dans le livre des Jours critiques, compilation formée avec des lambeaux d’ouvrages hippocratiques, et entr’autres de celui-là ; mais elle y a été insérée différemment suivant les différentes éditions. Dans quelques-unes, celle de Froben entr’autres, p. 388, elle est ainsi imprimée : ἐὰν αὐτή τε ἡ ὥρη τῷ νουσήματι ξυμμαχήσῃ. Leçon fautive ; une négation est omise, il faut lire : ἐὰν μὴ αὐτή τε. Le sens l’indique ; la citation de Galien le prouve, et d’ailleurs, ce qui ôte à cette correction l’apparence même d’une conjecture, plusieurs manuscrits, entr’autres ceux du Vatican et le no 2141 de la Bibliothèque royale de Paris, présentent la négation. Foes, Mack, Kühn ont bien vu qu’elle était nécessaire ; et, sans l’admettre dans leur texte grec, ils l’ont admise dans leur traduction. Il est facile de s’expliquer comment cette négation a disparu dans plusieurs manuscrits : comme la phrase en question était contraire à un aphorisme, un copiste, se croyant fort habile, l’y a rendue conforme en supprimant le μή. Mais notre traducteur latin, qui, lui, traduisait sur le texte même du traité des Semaines, n’a pu commettre une pareille erreur ; et le non occupe, dans sa phrase, la même place que le μή dans la phrase grecque.

Galien, cherchant à expliquer un passage difficile du 6e livre des Épidémies : l’âme de l’homme se produit sans cesse jusqu’à la mort (ἀνθρώπου ψὑχὴ ἀεὶ φύεται ἄχρι θανάτου),