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introduction.

ténaire naissent, à la plupart des hommes, les deux dents qu’on appelle dents de sagesse (P. 42, Éd. Frob.). La division de la vie en semaines d’années, admise ici, est la même que celle du livre des Semaines. Si, cette indication première étant donnée, on examine les deux traités, on y trouve développée une théorie toute semblable. Dans les deux, le nombre sept joue un rôle principal ; dans les deux, le chaud élémentaire est considéré comme le grand auteur de toute chose ; dans le traité des Chairs, cette théorie est appliquée à la production des parties et des organes du corps ; dans le traité des Semaines, à la production des fièvres. Donc ce dernier livre est, comme celui des Chairs, auquel il tient, d’une date postérieure à Aristote.

Il y est dit que le feu porté aux régions les plus élevées du monde est appelé par les anciens l’éther. Καὶ ὀνομῆναί μοι αὐτὸ δοκέουσιν οἱ παλαιοὶ αἰθέρα (Page 39, Éd. Frob.). Aristote nous apprend que c’était le nom qu’Anaxagore donnait au feu. « Anaxagore, dit-il, emploie mal le mot éther ; il s’en sert pour désigner le feu. » Ἀναξαγόρας δὲ κατακέχρηται τῷ ὀνόματι τούτῳ οὐ καλῶς. Ὀνομάζει γὰρ αἰθέρα ἀντὶ πυρός (Du ciel, lib. Ι, t. 1, pag. 435, Éd. Duval). C’est donc, sans doute, à Anaxagore que l’auteur du livre des Chairs fait allusion, c’est Anaxagore qui y est appelé ancien ; or, Hippocrate ou un contemporain d’Hippocrate n’aurait pas pu donner cette qualification au maître de Périclès et de Socrate.

Après avoir fixé la limite au-delà de laquelle on ne peut pas reculer le traité des Semaines, il faudrait aussi déterminer un minimum d’antiquité pour l’époque de sa composition. Qu’il soit fort ancien, c’est ce qu’on ne saurait révoquer en doute en voyant que Philon, qui vivait au commencement du premier siècle de l’ère chrétienne, l’attribue à Hippocrate. Ainsi dès-lors l’origine en était douteuse, et ce li-