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introduction.

crate, et se rappelant seulement qu’on disait que le peuple d’Athènes avait rendu un décret en sa faveur, a introduit la mention de ce Décret dans une lettre qui, si elle avait été véritable, aurait été écrite avant le Décret.

Autre contradiction non moins manifeste : dans la Lettre que Pætus écrit à Artaxerce, il est dit qu’Hippocrate a déjà été honoré des dons des Athéniens à l’égal d’Hercule et d’Esculape pour les services qu’il leur avait rendus. Dans le Décret il est dit que les Athéniens accordent à Hippocrate certaines faveurs éminentes et des honneurs pareils à ceux d’Hercule, parce qu’il a préservé la Grèce de la peste et refusé les dons du roi de Perse. Si les Athéniens l’ont récompensé pour avoir refusé les dons du barbare, il ne pouvait avoir reçu la récompense des Athéniens au moment où il faisait ce refus. La méprise du faussaire est évidente, il est impossible de ne pas en être frappé.

Les inadvertances de celui qui a rédigé la légende d’Hippocrate touchant son rôle prétendu dans la grande fièvre qui dévasta la Grèce, ne permettent pas de douter le moins du monde que toute cette histoire ne soit controuvée. Ce sont des preuves positives, toujours plus décisives que des preuves négatives. Mais, quand ce récit aurait été arrangé de manière qu’il n’y subsistât aucune de ces contradictions palpables qui en font toucher au doigt et à l’œil la fausseté, comment pourrait-on le concilier avec le dire de Thucydide, qui assure que tout l’art des médecins fut impuissant ? et de quoi les Athéniens auraient-ils eu à remercier Hippocrate, lorsqu’on lit dans le même Thucydide : « L’hiver suivant la maladie reparut à Athènes ; à la vérité, elle n’avait jamais complètement cessé, mais il y avait eu un relâchement. Cette seconde invasion ne dura pas moins d’un an ; la première en avait duré deux ; de sorte qu’il est vrai de