dire que rien ne porta un plus rude coup à la puissance des Athéniens. Il ne périt pas moins de 4 400 hoplites des cadres (τάξεων), et 300 cavaliers ; et, du reste de la population, un « nombre incalculable (L. 3, p. 232, Wechel 1594). » La population militaire d’Athènes ne montait guère qu’à 20 000 hommes ; la population totale de la ville, libre et esclave, a été évaluée à environ 400 000 âmes ; de sorte que, si la perte a été aussi considérable sur le reste de la multitude que sur les hommes en état de porter les armes, il faut évaluer à plus de 80 000 le nombre des victimes de la peste. On voit, comme le dit Thucydide, que l’art des médecins fut complètement impuissant. La maladie suivit les Athéniens au siége de Potidée, et y décima leur armée. À plusieurs reprises, Thucydide fait mention de ce grand désastre, et, quand il représente la prospérité d’Athènes au commencement de la guerre du Péloponèse, il remarque que la ville était pleine de force et n’avait pas encore été en proie à la maladie[1].
Rien n’est donc mieux établi que la fausseté de toute cette histoire concernant Hippocrate et le roi des Perses ; cependant on ne peut nier qu’elle ne soit fort ancienne. L’antiquité s’est complue à forger un assez grand nombre de ces épîtres, et Hippocrate n’a pas été l’unique sujet de pareilles compositions apocryphes. La plus ancienne mention que j’en connaisse, se rapporte au temps de Caton l’ancien. Plutarque raconte que ce Romain, ayant entendu parler du refus fait par Hippocrate de secourir les Barbares, dit que tous les médecins grecs avaient fait un pareil serment, et il défendit à ses enfants de les employer jamais[2]. Les Lettres