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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

phes d’Hippocrate ont raconté touchant un amour secret du roi de Macédoine Perdiccas, une histoire toute semblable à celle qui est rapportée touchant Érasistrate et Seleucus. Les légendes aiment ces répétitions.

La Supplication et le Discours d’ambassade se supposant l’un l’autre, la fausseté de l’un entraîne la fausseté de l’autre. Or, il est vrai que la Supplication aux Thessaliens ne contient rien qui trahisse le faussaire ; mais le Discours d’ambassade fait mention des services rendus par Hippocrate à la Grèce, de son refus de secourir la Péonie et l’Illyrie, par où venait la peste, de l’envoi de ses disciples dans les différentes provinces, du triomphe qu’il obtenait sur l’épidémie à mesure qu’il arrivait dans les villes, enfin du conseil salutaire qu’il donna à Athènes. Or, nous savons par Thucydide qu’aucun médecin ne fit rien à Athènes contre la peste. L’âge d’Hippocrate ne lui permettait pas d’avoir des disciples et surtout des enfants qu’il pût envoyer dans les différents pays. Rien n’est plus fabuleux que de présenter un médecin comme réprimant, dès qu’il paraît, une maladie aussi violente. L’auteur du Discours fait venir la peste de l’Illyrie, par la Béotie ; or, Thucydide dit positivement qu’elle venait de l’Éthiopie, et qu’elle envahit l'Attique par le Pirée. Enfin, Thessalus assure qu’il alla dans le Péloponnèse s’opposer aux progrès de la peste ; or, ce même Thucydide nous apprend qu’elle pénétra à peine dans cette partie de la Grèce[1]. Ainsi, partout l’auteur de ces deux pièces est en contradiction avec la vraisemblance, l’histoire et les faits.

Cependant il n’est pas le même que celui qui a composé

  1. Ἐς μὲν Πελοπόννησον οὐκ ἐσῆλθεν, ὅ τι καὶ ἄξιον λόγου. Lib. II, ch. 54.