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de la doctrine médicale d’hippocrate.

toujours et se fait sentir incessamment ; aussi Hippocrate n’y a-t-il presque pas mis de bornes. La conformation du corps, la disposition des esprits, le courage, l’amour de la liberté, tout, suivant lui, dépend de la loi des climats ; et, si les Grecs sont braves et libres, et les Asiatiques efféminés et esclaves, cette différence tient au climat que ces peuples habitent.

Les âges étaient naturellement considérés comme des saisons, et, par la même cause, exposés chacun à des maladies spéciales que l’on se plaisait à rapprocher de celles que produisent les changements annuels de l’atmosphère. Cette assimilation était d’autant plus facile qu’elle s’appuyait sur une des principales théories d’Hippocrate. Suivant lui, le corps humain est pénétré d’une chaleur qu’il appelle innée, dont la quantité est à son maximum pendant l’enfance, et qui va sans cesse en s’épuisant par le progrès de la vie jusque dans la vieillesse, où elle arrive à son minimum. Ces changements successifs de la chaleur innée, qui éprouve les mêmes phases que le soleil pendant l’année, devaient faire considérer les âges comme des saisons, et faire attribuer à chacun d’eux un ordre de maladies analogue à celui qu’on attribuait à chacune d’elles.

La seconde partie de l’étiologie générale comprenait l’influence exercée par la nourriture et par l’exercice. Toutes sortes de désordres sont mis sur le compte d’une nourriture mal réglée. La surabondance et le défaut engendrent également des maladies, et c’est une sentence remarquable que celle où Hippocrate signale, chez les athlètes, le danger d’un excès de santé provenant d’un excès d’alimentation et de force. Les exercices, qui sont considérés comme destinés à consumer le trop plein que cause la nourriture, déterminent, quand ils sont excessifs ou tout-à-fait négligés,