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introduction.

comprend les influences des saisons, des températures, des eaux, des localités. Le second ordre de causes est plus individuel, et résulte, soit de l’alimentation particulière à chaque homme, soit des exercices auxquels il se livre. On trouve le développement de l’un et de l’autre surtout dans le livre des Airs, des Eaux et des Lieux, et dans celui de l’Ancienne médecine.

La considération des modifications de l’atmosphère, suivant les saisons et suivant les climats, est une idée féconde qu’Hippocrate a exploitée avec bonheur, et que la science subséquente n’a pas encore épuisée. Le médecin grec en a tiré des conséquences étendues. À mesure que l’année passe par ses phases successives de chaleur et de froidure, d’humidité et de sécheresse, le corps humain éprouve des changements, et les maladies en empruntent les caractères. C’est sur ce fondement qu’est établie la doctrine des constitutions pathologiques correspondant à des états particuliers de l’atmosphère, doctrine qui a été plusieurs fois renouvelée et étudiée avec grand soin. Suivant Hippocrate, quand l’année ou la saison présentait un caractère spécial, et était dominée par telle ou telle température, il s’ensuivait, parmi les hommes qui y étaient soumis, une série d’affections toutes marquées du même cachet. Il y a là un aperçu profond, que les modernes ont recueilli et sur lequel ils débattent encore : c’est le génie des constitutions pathologiques et des épidémies.

La théorie de l’influence des climats, développée avec tant de talent par Hippocrate, et qui lui a été depuis si souvent empruntée, est une conséquence de tout ce qu’il pensait sur les saisons et sur la température des années. En effet, un climat n’est pour ainsi dire qu’une saison permanente, et l’empreinte en doit être d’autant plus puissante qu’elle existe