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introduction.

pratique et de l’examen de celle des autres médecins. Visiblement il avait beaucoup médité sur la médecine, et en bon nombre de passages l’on rencontre de ces observations qui, sans rentrer positivement dans le cercle de la pratique médicale, sont dues aux réflexions de celui qui enseigne, et font réfléchir ceux qui lisent. Je pourrais en citer plusieurs exemples, je me contenterai d’en rapporter un seul, parce que j’y joindrai les justes remarques qui ont été suggérées à Galien, et qui développent l’idée même que je me fais de la tournure d’esprit d’Hippocrate. Ce médecin a dit dans le 1er livre des Épidémies : « Le praticien doit avoir deux objets en vue, être utile au malade ou du moins ne pas lui nuire. » Ce sont là de graves et modestes paroles où l’on découvre, quand on les creuse, un sens profond et un utile enseignement. Au reste, il faut laisser parler Galien qui a été frappé, lui aussi, de la remarque jetée par Hippocrate dans le courant de son 1er livre des Épidémies. « Il y eut un temps, dit-il[1], où je regardais ce peu de mots comme indignes d’Hippocrate ; il me semblait d’une évidence manifeste que le devoir du médecin est de travailler à soulager le malade ou du moins de ne pas lui nuire. Mais, après avoir vu plusieurs médecins célèbres blâmés à juste titre pour ce qu’ils avaient prescrit, saignées, bains, purgatifs, vin, ou eau froide, je compris qu’Hippocrate avait éprouvé de pareils mécomptes, lui, comme bien d’autres de ceux qui pratiquaient alors. Depuis ce temps, j’ai jugé qu’il ne fallait pas seulement, en prescrivant un remède important, savoir jusqu’à quel point le malade y trouverait du soulagement ; mais je n’ai jamais rien administré sans avoir pris garde à ne pas lui nuire, dans le cas où la prescription manquerait son but. Quelques médecins, semblables à ceux

  1. T. v, p. 370, Éd. Basil.