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introduction.

toute chose, ajoute : « Quand il existe plusieurs procédés, il faut employer celui qui fait le moins d’étalage ; quiconque ne prétend pas éblouir les yeux du vulgaire par un vain appareil, sentira que telle doit être la conduite d’un homme d’honneur et d’un véritable médecin[1]. »

La haine qu’Hippocrate ressentait et exprimait à l’égard des charlatans, est très comparable à la haine qui animait Socrate, son contemporain, contre les sophistes. Le médecin et le philosophe poursuivent d’une égale réprobation ces hommes qui abusaient de la crédulité populaire pour vendre, les uns une fausse médecine, les autres une fausse sagesse. Non-seulement Hippocrate flétrit les manœuvres des charlatans, non-seulement il prévient le public contre les artifices de ces gens qui en font leur dupe, mais encore il prémunit de toutes ses forces les véritables médecins contre toutes les tentations qu’ils pourraient avoir de se laisser aller à l’emploi d’un charlatanisme plus ou moins innocent ; il les tient en garde contre cet écueil ; il ne veut pas que leur conduite en ait la plus petite apparence ; il leur recommande, avant tout, ce qui est simple, droit et honnête. Il fallait véritablement qu’Hippocrate eût été blessé du spectacle donné par l’effronterie des charlatans et par la crédulité du public, pour insister auprès des médecins ses élèves avec tant de force, non pas seulement contre l’emploi d’un charlatanisme honteux, mais encore contre toute conduite dont le soin exclusif ne serait pas d’en écarter jusqu’à l’ombre la plus légère. La guerre aux sophistes faite par Socrate, la guerre à l’esprit de charlatanisme faite par Hippo-

  1. Εἰ δὲ πολλοῖσι τρόποισιν οἷόν τε εἴη ὑγιέας ποιέειν, τὸν ἀσχλότατον χρὴ αἱρέεσθαι. Καὶ γὰρ ἀνδραγαθικώτερον τοῦτο καὶ τεχνικώτερον, ὅστις μὴ ἐπιθυμέει δημοειδέος κιβδηλίης. De Articul., p. 500, Éd. Basil.