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introduction.

vieux maîtres de l’art. Demander à cette étude un résultat immédiat, pratique, palpable, si je puis m’exprimer ainsi, comme celui que procure un livre moderne sur tel ou tel point de la science, ce serait lui demander tout autre chose que ce qu’elle peut donner, ce serait en méconnaître la véritable utilité. On ne doit pas aller, là, apprendre la médecine ; mais, quand on est pourvu d’une instruction forte et solide, il faut y chercher un complément qui agrandisse l’esprit, affermisse le jugement, et montre, dans la tradition de la science, le travail des générations successives, leurs erreurs et leurs succès, leur faiblesse et leur force. On y puise reconnaissance pour les efforts de nos devanciers, assurance dans les efforts actuels ; car, c’est surtout alors que l’on sent que la science n’est jamais ni un fruit spontané, ni la création d’une époque ou d’un homme, mais un héritage que nous avons reçu et que nous transmettrons.

Deux choses surtout sont à considérer quand il s’agit de recommander l’étude des vieux livres et des vieux temps. Ils fournissent à la fois des faits et des doctrines : des faits sans lesquels l’enseignement serait incomplet, des doctrines sans lesquelles nous n’aurions qu’une vue fausse de la culture de la science. S’il est vrai que les maladies changent suivant les climats ; si ces modifications frappent de plus en plus les esprits par leur importance pratique et doctrinale à mesure que la civilisation s’étend sur les points les plus divers du globe ; il n’est pas moins vrai que les siècles présentent aussi de grandes différences dans leur physionomie pathologique, et que certaines affections s’en vont, tandis que de nouvelles arrivent sur la scène du monde. Le choléra indien nous en a fait faire à nous-mêmes une rude et récente expérience. Hippocrate, dans son large et ingénieux système, a comparé les âges de la vie humaine aux saisons de l’an-