née. Si j’osais l’imiter, je comparerais les âges de l’histoire de l’humanité aux climats de la terre. Les uns comme les autres ont leurs maladies propres, leur pathologie spéciale. Or ce n’est que dans les auteurs, vieux témoins de ces phénomènes passés qui ne doivent peut-être plus se reproduire, ce n’est que dans les livres, fidèles dépositaires de ces antiques observations, que le médecin peut les chercher, les étudier, et arriver à concevoir un ensemble de la pathologie dont le petit horizon qu’il embrasse ne lui donnerait qu’une faible idée. Si par l’étude le médecin doit se faire cosmopolite, par l’étude il doit aussi se faire contemporain de tous les âges. Là il prend connaissance de mille faits qui, sans cela, lui seraient à jamais inconnus ; et ce voyage dans le temps ne lui sert pas moins que ne lui servirait un voyage à travers les continents et les mers.
Voilà pour les faits ; voici pour la doctrine : l’homme qui réfléchit sur lui-même et sur sa conduite passée trouve un grand enseignement pour sa conduite future, et dans ce qu’il a fait de bien, et dans ce qu’il a fait de mal. De même la médecine ne peut revenir sur son passé sans y recueillir des leçons pour son avenir. Celui qui explorera avec des lumières suffisantes l’histoire des théories et de la pratique de nos prédécesseurs rencontrera des sources fécondes de savoir. L’étude de l’antiquité ne doit être abordée qu’avec des connaissances telles qu’on en profite. Là l’ordre logique est de commencer non par ce qu’il y a de plus vieux, mais par ce qu’il y a de plus récent. Quand on s’est pénétré de la science contemporaine, alors il est temps de se tourner vers la science passée. Rien ne fortifie plus le jugement que cette comparaison. L’impartialité de l’esprit s’y développe ; l’incertitude des systèmes s’y manifeste ; l’autorité des faits s’y confirme, et l’on découvre, dans l’ensemble, un enchaînement