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dialecte

là où elles manquent, n’en peut être attribuée qu’à des erreurs de copistes ; 2o que certaines autres formes ioniennes, moins constantes dans la Collection hippocratique, ne peuvent pas être soumises à cette règle avec quelque sûreté ; et que, là, il faut suivre les irrégularités et les inconstances des manuscrits, ce système ayant moins d’inconvénients, c’est-à-dire moins d’arbitraire que celui où l’on restaurerait partout, d’après un type faux peut-être, un ionisme dont le vrai caractère n’est pas très bien connu dans toutes ses parties.

En effet, où prendre ce vrai caractère ? Heringa et Coray ont pensé qu’il fallait en chercher le type normal dans Hérodote. Or voici quelques-unes des principales différences que l’on remarque entre l’ionien d’Hérodote et celui de la Collection hippocratique :

1o. Dans celle-ci les ténues se changent toujours en aspirées devant l’esprit rude ; on y lit par exemple constamment ἀφικνέομαι, οὐχ οἷος. Hérodote au contraire dit ἀπικνέομαι et οὐκ οἷος.

2o. Hérodote dit δέκομαι, Hippocrate δέχομαι.

3o. Hérodote emploie l’article au lieu du relatif ; Hippocrate jamais.

4o. Hérodote dit ἱρὸς, Hippocrate ἱερός.

5o. Hérodote dit θωυμάζω, Hippocrate θαυμάζω.

6o. L’emploi de la syllabe ηϊ pour ει est bien plus restreint dans Hippocrate que dans Hérodote.

7o. Hérodote dit σὺν en composition et hors de composition ; Hippocrate dit ξὺν.

8o. Hérodote dit ἀπόδεξις, Hippocrate ἀπόδειξις.

Ces différences (et il s’en faut de beaucoup que je les aie notées toutes) sont considérables, essentielles ; et il est impossible de les attribuer à des erreurs de copistes. Ainsi, il est démontré que l’ionisme d’Hérodote diffère de celui d’Hippocrate ; ce serait donc une erreur en dialectologie, que de vouloir conformer le texte du médecin de Cos sur celui de l’historien d’Halicarnasse. Il est vrai de dire que nous ne possédons pas de type sur lequel on puisse se régler pour restaurer systématiquement l’ionien d’Hippocrate ; et c’est à l’étude et à la confrontation des manuscrits qu’il faut s’en référer.

Ceux qui ont voulu assimiler le texte d’Hippocrate à celui d’Hérodote, ont supposé que l’ionien, toujours mis par les grammairiens