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vie d’hippocrate

dans les dates qu’est la difficulté. Mais on le fait venir avec Euryphon le médecin cnidien, et cette association, comme le dit M. Hecker, dans son Histoire de la médecine, tient déjà du roman. Ensuite on prétend qu’Hippocrate découvrit que la maladie de Perdiccas était uniquement causée par l’amour secret qu’il ressentait pour une concubine de son père. Cette histoire ressemble à celle d’Érasistrate, qui découvrit aussi une maladie causée par l’amour. Seulement il faut remarquer dans le récit une différence qui prouve que l’histoire a du moins été forgée avec adresse. Érasistrate reconnut la maladie du jeune prince en lui tâtant le pouls en présence de la femme qu’il aimait : les historiographes d’Hippocrate disent qu’il porta son diagnostic d’après les seuls changements de l’extérieur du roi ; il ne connaissait pas l’art d’explorer le pouls, et ç’aurait été commettre une erreur de chronologie médicale, que de lui faire tâter l’artère du roi Perdiccas. Ce qui rend cette histoire suspecte, c’est sa ressemblance avec celle d’Érasistrate, c’est la présence d’Euryphon, c’est surtout la date moderne des biographes qui la racontent.

Beaucoup d’autres fables ont été racontées sur Hippocrate, et il faut ranger dans cette catégorie les services qu’il rendit à la Grèce pendant la peste dite d’Athènes ; son refus d’aller servir le roi de Perse ; et son entrevue avec Démocrite. Ces fables ne s’appuient sur aucun témoignage de quelque valeur ; et sans doute, si on pouvait en suivre la filiation, on verrait qu’elles vont toujours en grossissant à mesure que celui qui les rapporte s’éloigne davantage de l’époque où vivait Hippocrate.

On en a la preuve dans les récits au sujet du rôle qui lui est attribué dans la peste. Soranus prétend que, cette maladie ayant envahi le pays des Illyriens et des Péoniens, les rois de ces peuples l’invitèrent à venir auprès d’eux ; qu’Hip-