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de l’ancienne médecine.

du froid, du sec ou de l’humide, ni en vertu, aurait-il dit de nos jours, de la texture des parties. Les chercher de cette façon, c’est les chercher par une mauvaise route ; et ces propriétés ne se laissent pénétrer que par une expérimentation générale qui constate quels effets la substance vivante reçoit de chaque chose. La connaissance de ces effets constitue la connaissance du corps humain. C’est là ce que j’appellerai le vitalisme d’Hippocrate, vitalisme qui, prenant la vie comme une chose positive et l’être vivant comme une substance, en recherche les rapports d’action et de réaction avec les divers objets de la nature ; vitalisme qui restera éternellement vrai à côté de tous les travaux qui ont pour but et ont eu, il faut ajouter, pour résultat de jeter, par l’examen de la forme et de la texture, une grande lumière sur certains phénomènes de l’organisme. À mesure que l’explication avance, la vie recule, elle s’échappe, et à jamais demeurera insaisissable ; de sorte que nous devons toujours considérer l’être qu’elle anime, comme un corps doué de propriétés qu’il s’agit d’étudier par l’expérience, comme un corps duquel il faut apprendre, ainsi que le dit Hippocrate, comment il se comporte à l’égard de chaque chose. Or, c’est ce que rien au monde ne pourrait faire deviner à priori. Qui, pour me servir d’un exemple choisi par Hippocrate lui-même, aurait prévu, en recherchant l’organisation du cerveau, que le vin en dérange les fonctions ? Et à qui encore la connaissance anatomique du corps humain aurait-elle appris que les miasmes marécageux produisent une fièvre intermittente ?

C’est ici le lieu de remarquer (car Hippocrate lui-même me conduit à cette remarque, qui ne me semble pas sans importance) que la physiologie se compose de trois parties essentielles : la première est l’étude du développement de l’être depuis la fécondation jusqu’à la mort ; la seconde est l’étude du mécanisme des fonctions ; la troisième est l’étude des effets que l’organisme, en tant que substance vivante, éprouve de toutes les choses avec lesquelles il se trouve