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de l’ancienne médecine.

la négligence des copistes, et c’est aussi un des livres où la collation des manuscrits m’a permis d’apporter les changements les plus considérables, et, j’ose dire, les plus heureux. J’ai pu remplir des lacunes, rendre clairs des passages ou très obscurs ou absolument inintelligibles, rétablir la régularité des phrases troublée en plusieurs endroits, et publier, au lieu d’un texte interrompu çà et là par des taches, par des omissions, par des altérations de toute nature, un texte épuré où tout marche et se suit sans difficulté. Il n’y a guère que deux ou trois points où les manuscrits m’ont fait défaut, et où j’ai eu recours aux conjectures. Ceux qui compareront le texte vulgaire avec celui que j’ai imprimé, et qui jetteront un coup-d’œil sur les variantes que j’ai recueillies et discutées reconnaîtront les améliorations importantes que le livre de l’Ancienne Médecine doit à une collation exacte des manuscrits.

En résumé, le livre de l’Ancienne Médecine donne une idée des problèmes agités du temps d’Hippocrate, et de la manière dont ils étaient débattus. Il s’agissait, dans la plus grande généralité de la pathologie, de déterminer la cause des maladies ou, en d’autres termes, de poser les bases d’un système de médecine. Certains médecins disaient que cette cause, étant une, résidait dans une propriété unique du corps, propriété qu’ils spécifiaient. Hippocrate répétait qu’en fait, cela était en contradiction avec l’expérience, qu’en principe une hypothèse était suspecte et stérile, et qu’il n’y avait de sûreté que dans l’étude des faits et dans la tradition de la science qui y ramène. Ainsi, quatre cents ans avant J.-C., on essayait de rattacher toute la médecine à une seule propriété hypothétique, comme on l’a essayé de nos jours ; mais cette propriété était ou le chaud, ou le froid, ou l’humide, ou le sec. Quatre cents ans avant J.-C., un esprit sévère et éclairé combattait de telles opinions au nom de l’expérience, montrait que les causes des maladies ne pouvant pas se ramener à une seule, le champ de la pathologie générale était bien plus