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de l’ancienne médecine.

Toutes les humeurs, dans le corps, sont d’autant plus douces et d’autant meilleures qu’elles ont subi plus de mélanges, et l’homme se trouve en l’état le plus favorable quand tout demeure dans la coction et le repos, sans que rien manifeste une qualité prédominante. C’est un sujet que maintenant je crois avoir exposé d’une manière suffisante.

20. Quelques-uns disent, sophistes et médecins, qu’il n’est pas possible de savoir la médecine sans savoir ce qu’est l’homme, et que celui qui veut pratiquer avec habileté l’art de guérir, doit posséder cette connaissance. Mais leurs discours ont la direction philosophique des livres d’Empédocle et des autres qui ont écrit sur la nature humaine, et exposé, dans le principe ce qu’est l’homme, comment il a été formé d’abord, et d’où provient sa composition primordiale : pour moi, je pense que tout ce que sophistes ou médecins ont dit ou écrit sur la nature, appartient moins à l’art de la médecine qu’à l’art du dessin. Je pense encore que c’est par la médecine seule qu’on arrivera à quelques connaissances positives sur la nature humaine, mais à condition d’embrasser la médecine même dans sa véritable généralité. Sans cela, il me semble qu’on est bien loin de telles connaissances, je veux dire, de savoir ce qu’est l’homme, par quelles causes il subsiste, et le reste exactement. Ainsi je crois fermement que tout médecin doit étudier la nature humaine, et rechercher soigneusement, s’il veut remplir ses obligations, quels sont les rapports de l’homme avec ses aliments, avec ses boissons, avec tout son