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livres hippocratiques

bre en dessus et en dessous de la plaie. Ils sont forcés, à cause du gonflement, de défaire leur bandage, dont ils recommencent à se servir dans une autre occasion sans se douter qu’il est la cause du mal. L’auteur fait cette remarque parce qu’il a vu un grand nombre d’accidents naître de ce genre de déligation, et il invoque en faveur de sa pratique le témoignage de toute la médecine ; phrase remarquable qui est un appel aux préceptes de la science, et qui prouve qu’elle était cultivée depuis long-temps. Remarquons en outre que, dans le Livre des fractures, on conseille aux médecins qui pratiquent dans une grande ville d’avoir tout prêt un appareil en bois pour les réductions. L’auteur du Traité des articulations se livre à des critiques toutes semblables. Il blâme ces médecins qui, pour réduire les luxations, emploient des moyens propres à étonner la foule, et il rougirait, dit-il, de tout ce qui sent la jonglerie ; il recommande de connaître tout ce qui a été fait en ce genre, et de choisir les meilleures méthodes ; il signale l’antiquité de quelques-uns de ces instruments, et loue l’emploi de toutes les machines qui sont conformes à la structure du corps ; il relève une foule d’erreurs touchant l’ostéologie ou le traitement des luxations. On voit par toutes ces citations combien la médecine était pratiquée, combien d’hommes s’en occupaient, et combien les écrivains qui forment la Collection hippocratique, faisaient attention à la pratique de leurs confrères, soit pour l’approuver, soit pour la blâmer.

De tous ces médecins, praticiens ignorés d’une époque aussi reculée, deux seulement sont nommés : ce sont Prodicus et Pythoclès. Il est dit dans le Sixième livre des épidémies que Prodicus causait la mort des fébricitants en les soumettant à des marches et à des exercices forcés. On a beaucoup douté s’il fallait écrire Prodicus ou Hérodicus ; mais comme il y a eu un Prodicus vers ce temps, et qu’Hérodicus n’appliquait