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des plus anciens témoignages.


Sur la même ligne vient un second témoignage aussi rapproché du médecin de Cos, d’autant plus important, qu’il porte sur ses opinions médicales et sur sa pratique, et que ceux de cette nature et de ce temps sont plus rares : c’est celui de Ctésias.

Ctésias, plus jeune qu’Hippocrate, était un asclépiade de Cnide ; il accompagna l’expédition de Cyrus-le-Jeune, et resta prisonnier dix-sept ans en Perse ; ses connaissances médicales lui acquirent la faveur d’Artaxerce. Il a écrit une histoire de la Perse et un livre sur l’Inde. Il est aisé de voir par ses écrits qu’il avait l’habitude de s’occuper de sujets médicaux. En lisant un extrait de ses livres, que Photius nous a donné, en retrouve les mêmes termes médicaux que dans les livres hippocratiques. Quelques critiques ont prétendu que le mot muscle (μῦς) qui se trouve dans certains livres hippocratiques est une preuve que ces livres sont apocryphes, attendu qu’il appartient à l’école d’Alexandrie, et que les anciens désignaient les muscles sous le nom de chairs. L’argument est mauvais ; car Ctésias s’est servi de ce mot en racontant la mort de Cambyse, qui, dit-il, se blessa à la cuisse dans le muscle[1]. Oribase[2] nous a conservé de lui un fragment singulier sur l’usage de l’hellébore. « Du temps de mon père et de mon grand-père, dit Ctésias, on ne donnait pas l’hellébore, car on ne connaissait ni le mélange, ni la mesure, ni le poids suivant lesquels il fallait l’administrer. Quand on prescrivait ce remède, le malade était préparé

  1. Ἀφικόμενος εἰς Βαβυλῶνα καὶ ξέων ξυλάριον μαχαίρᾳ διατριβῆς χάριν παίει τὸν μηρὸν εἰς τὸν μῦν. Ce mot ne peut appartenir à Photius, qui abrège Ctésias ; à une désignation vague de l’auteur original, l’abréviateur n’aura pas substitué une désignation précise.
  2. Ἰατρικῶν συλλογῶν βιβλίον η′.