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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/88

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introduction.

comme devant courir un grand danger. Parmi ceux qui le prenaient, beaucoup succombaient, peu guérissaient ; maintenant l’usage en paraît plus sûr. »

J’ai rapporté ce qui précède pour établir la compétence médicale de Ctésias. Soit qu’il ait composé sur la médecine des écrits depuis long-temps perdus, soit (ce qui est plus vraisemblable) qu’il n’ait publié que ses ouvrages historiques, toujours est-il qu’il a parlé à diverses reprises des objets de ses études et de sa profession. Galien, sans indiquer auquel des ouvrages du médecin cnidien il empruntait sa citation, nous a conservé une opinion émise sur Hippocrate par Ctésias. « Ctésias de Cnide, le premier, dit-il dans son Commentaire sur le traité des articulations, et après Ctésias plusieurs autres, ont critiqué Hippocrate pour la réduction de l’os de la cuisse, et ont prétendu que la luxation se reproduisait aussitôt après[1]. » Ces paroles de Galien sont bien brèves, mais elles n’en sont pas moins précieuses. Ctésias, quoique bien plus jeune qu’Hippocrate, a été son contemporain ; il a pu le voir et le connaître ; car Cnide est très voisine de Cos ; il a appartenu à une école rivale ; et le seul mot que nous connaissions de lui est une critique d’Hippocrate. Il est peu de remarques aussi importantes pour la critique d’Hippocrate que ces lignes que Galien a jetées dans un de ses Commentaires. Ce qui manque dans l’intervalle qui sépare le médecin de Cos de l’école d’Alexandrie, ce sont surtout des souvenirs de ses ouvrages. Un reproche comme celui que Ctésias adresse à Hippocrate est la preuve la plus manifeste

  1. Κατέγνωκατιν Ἱπποκράτους ἐπ’ἐμβαλεῖν τὸ κατ’ἰσχίον ἄρθρον, ὡς ἂν ἐκπίπτον αὐτίκα, πρῶτος μὲν Κτησίας ὁ Κνίδιος, συγγενὴς αὐτοῦ, καὶ γὰρ αὐτὸς ἦν Ἀσκληπιάδης τὸ γένος, ἐφεξῆς δὲ Κτησίου καὶ ἄλλοι τινές. Gal. 1. ν, p. 652, Éd. Basil.