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introduction.

graphique ; il disait que la médecine a pour objet de conserver la santé et de guérir la maladie ; elle conserve la santé par les semblables, et elle guérit la maladie par les contraires[1].

Récapitulons brièvement ce qui vient d’être dit plus haut, et remontons la chaîne de la tradition qui n’est interrompue nulle part. Cent vingt ans environ après Hippocrate, Hérophile l’interprète à Alexandrie, où ses écrits sont arrivés ; un de ses disciples, Dexippe, est cité comme écrivain médical ; Aristote le nomme une fois, mais il le connaît si bien qu’il lui donne le nom de Grand. Dioclès de Caryste est familier avec ses écrits, et en fait usage pour les critiquer quelquefois, comme nous l’apprend un scoliaste, pour les imiter souvent, ainsi que le dit Galien. Platon cite, en deux endroits, l’asclépiade de Cos avec les plus grands éloges ; et un médecin de Cnide, Ctésias, contemporain de Platon, lui reproche une pratique chirurgicale, qui est celle de l’auteur du Traité des articulations. On voit que l’existence littéraire d’Hippocrate est établie sur de bons documents, et il est indubitable que nous possédons de lui beaucoup, si, de lui, beaucoup a péri.

Ainsi, dans l’âge qui a suivi Hippocrate, son nom a été plusieurs fois cité par des témoins irréprochables. Rapprochons de ces noms les noms de ceux qui, ayant vécu dans l’âge antérieur à Hippocrate lui-même, se trouvent rappelés dans la Collection hippocratique. Ce sont : Mélissus dans le Traité de la nature de l’homme, Prodicus et Pythoclès dans les Épidémies, Empédocle dans le Livre sur l’ancienne médecine, Homère dans le Traité des articulations, et le Livre

  1. Τὴν μὲν ὑγείαν φιλάττει διὰ τῶν ὁμοίων, τὴν δὲ νόσον ἀναίρει διὰ τῶν ἐναντίων. Dietz, Schol. in Hipp. t. 1, p. 259.