Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 2.djvu/66

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ces malades que les Scythes appellent ἐναρέες[1]. » On a souvent demandé ce que pouvait être cette maladie féminine, et les réponses ont été très diverses. M. le docteur C. G. Starck, dans une dissertation, a essayé de montrer que cette maladie féminine était celle dont Hippocrate a dit que les Scythes étaient affligés [2]. Je partage complètement cette manière de voir. Les expressions d’Hérodote annoncent que cette maladie se reconnaissait à l’aspect seul des malades, et cela coïncide tout à fait avec la description d’Hippocrate. Des voyageurs modernes ont, à peu près dans les mêmes contrées, trouvé des phénomènes semblables. « Quand, dit Reineggs [3] en parlant des Tartares Nogais, une débilité incurable, effet soit de la maladie soit de l’âge, survient chez les hommes, la peau de tout le corps se ride, ils perdent le peu de barbe qu’ils ont, ils deviennent inhabiles au coït, et tous leurs sentiments et leurs actions cessent d’être des sentiments et des actions d’un homme. En cet état, ils fuient la société masculine, demeurent parmi les femmes, et en prennent les habillements. » Jules de Klaproth signale aussi l’existence, parmi les Nogais, d’une maladie pareille, qu’il compare avec l’affection indiquée par Hérodote et décrite par Hippocrate[4]. Hippocrate recommande de ne donner aucun purgatif, de ne faire aucune médication grave et importante au moment où les saisons éprouvent des changements considérables, par exemple aux solstices et aux équinoxes. Ces observations ont dû être inspirées par des climats où les changements de saison sont plus tranchés que dans nos pays. Toujours est-il qu’en

  1. Τοῖσι δὲ τῶν Σϰυθέων συλήσασι τὸ ἱρὸν τὸ ἐν Ἀσϰάλωνι, ϰαὶ τοῖσι τούτων ἀεὶ ἐϰγόνοισι ἐνέσϰηψε ἡ θεὸς θήλειαν νοῦσον· ὥστε ἅμα λέγουσί τε οἱ Σϰύθαι διὰ τοῦτό σφεας νοσέειν, ϰαὶ ὁρᾷν παρ’ ἑωυτοῖσι τοὺς ἀπιϰνεομένους ἐς τὴν Σϰυθιϰὴν χώρην ὡς διαϰέαται, τοὺς ἐναρέας οἱ Σϰύλαι. 1, 105.
  2. νούσῳ θηλεία apud Herodotum prolusio. Jenae, 1827.
  3. Allgem. topograph. Beschreibung des Kaukasus etc., herausgegeben von Fr. E. Schröder, Th. I, 1796, p. 269.
  4. Reise in den Caucasus und nach Georgien, Berlin, 1842, Th. I, p. 285.