Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 2.djvu/68

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Il est bien entendu que je rapporte cela comme des spécimens de la physique antique, mais non connue des expériences et des résultats irréprochables.

L’idée que certaines maladies provenaient d’une infliction divine était commune dans le temps où écrivait Hippocrate, Suivant lui, aucune n’est plus divine que l’autre, toutes sont également divines, c’est-à-dire que toutes sont l’effet des causes naturelles (οὐδὲν ἄνευ φύσιος γίγνεται). Ce point de vue est celui auquel sont arrivées la science moderne et la philosophie. Les anciens admettaient sans peine que Dieu intervenait à chaque instant dans le monde, et en interrompait les lois par des actes exceptionnels, qu’on appelait miracles. Le grand et l'éternel miracle, c’est l’existence des choses, c’est leur succession, c’est l'enchaînement des phénomènes ; et c’est ce qu’Hippocrate exprime dans l’ordre des phénomènes pathologiques, lorsqu’il dit qu’ils sont tous également de cause divine.

La méthode que l’auteur de ce traité applique est la même que celle que professe l’auteur du traité de l’ancienne Médecine. Dans ce dernier livre, Hippocrate recommande d’étudier les rapports de l’homme avec tout ce qui l’entoure, et il assure que c’est le seul chemin pour arriver à la connaissance du corps humain ; dans le livre des Airs, des Eaux et des Lieux, il passe en revue les influences de l’exposition, des saisons, des eaux et des climats, et il indique les effets que ces influences produisent. C’est bien, des deux côtés, la même méthode ; et c’est aussi une méthode qui devait mener, comme il l’avait annoncé, à des notions positives et profondes, sur l’être humain. En effet, quoi de plus positif, et en même temps quoi de plus profond que ces aperçus sur l’action des causes générales, et sur les relations incontestables qui lient l’homme avec les influences cosmiques ?