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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/437

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argument.

l’approche des crises, la durée du mal, les forces du malade, tout cela constitue un ensemble de considérations que le médecin, dans l’antiquité, avait constamment sous les yeux, et qu’aujourd’hui le lecteur doit se rappeler sans cesse, s’il veut comprendre la pratique ancienne, et en faire une juste comparaison avec la pratique moderne. Au reste, la doctrine exposée à ce sujet dans les Aphorismes, est empruntée tout entière au traité Du régime dans les maladies aiguës ; et, quand même on aurait perdu ce dernier livre, on pourrait, à l’aide seulement du premier, refaire cette doctrine.

Il n’en est pas de même des notions qu’Hippocrate a eues sur l’emploi des remèdes proprement dits ; il avait promis un traité sur les médicaments composés (t. ii, p. 365) ; ce traité en est toujours resté à l’état de promesse, ou a péri avant d’avoir été recueilli dans la Collection Hippocratique, seul débris des travaux d’une école féconde qui soit arrivé jusqu’à la seconde antiquité, et d’elle jusqu’à nous. J’ai tenté, à l’aide des Aphorismes, de retrouver, au moins dans ses linéaments, cette deuxième partie de la thérapeutique d’Hippocrate ; mais je n’ai pu y réussir. Tout, à part certains cas particuliers où un remède spécial est énoncé, tout, dis-je, se borne à trois idées extrêmement générales : D’abord, il faut agir, κινεῖν, de bonne heure, au début des maladies ; le mot κινεῖν est très-compréhensif, et désigne évidemment tout moyen d’action : la saignée y est certainement renfermée. Ce précepte est, jusqu’à un certain point, en désaccord avec la médecine égyptienne, qui, au dire d’Aristote, défendait d’agir (le même mot, κινεῖν ayant le cinquième jour[1]. La seconde règle générale est de s’abstenir de toute action au moment d’une crise et immédiatement après. Troisièmement, pour se guider dans la prescription

  1. Καὶ ἐν Αἰγύπτῳ μετὰ τὴν τετρήμερον κινεῖν ἔξεστι τοῖς ἰατροῖς· ἐὰν δὲ πρότερον, ἐπὶ τῷ αὐτοῦ κινδύνῳ (Polit. 3, 10).