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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/457

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cédente ; ροur Lycus, au contraire, il n’y a dans les corps vivants qu’une espèce de chaleur, à savoir leur température. Galien décompose en deux la chaleur animale, l’une effet, l’autre cause, et celle-ci est la chaleur innée ; Lycus prend le phénomène tel qu’il est, et nie qu’il y ait aucune chaleur innée différente de la chaleur animale[1]. Dans cette partie de l’argumentation sur les faits observés, l’avantage est loin d’être du côté de Galien.

Nous venons de voir ce qu’est la chaleur innée suivant Lycus et suivant Galien ; mais qu’est-elle suivant Hippocrate ? On pourrait soutenir qu’il a voulu parler de la température, et qu’il a été induit en erreur par quelque expérience trompeuse sur la chaleur respective dans les différents âges. Mais auparavant il faut consulter le passage parallèle d’un auteur hippocratique ; « L’homme, est-il dit dans le traité De la nature humaine, est le plus chaud le premier jour de son existence et le plus froid le dernier, car le corps croissant et se développant avec effort est chaud nécessairement[2] » Ici encore on pourra dire que l’auteur, ayant exploré par un moyen quelconque la température des enfants, des adultes et des vieillards, a cru reconnaître qu’elle allait décroissant ; d’où il aura conclu qu’elle était en rapport avec l’accroissement ; de sorte qu’il y aurait, non comme dans Galien, une vaine entité toujours inaccessible à l’expérience, mais simplement une observation erronée, toujours susceptible d’être rectifiée

  1. Lycus, dans l’aph. I, 14, reprenait deux choses ; la chaleur innée, et le plus de chaleur chez l’enfant. La phrase de Lycus contenant l’objection sur la chaleur innée, était citée par Galien dans sa réfutation ; mais à cet endroit il y a une lacune dans les éditions de Galien ; la phrase de Lycus manque. Toutefois, d’après ce que je viens de dire, on comprend quel en devait être le sens : Lycus niait toute distinction entre la chaleur innée et la température du corps.
  2. Εὖ γὰρ χρή εἰδέναι, ὅτι ὁ ἄνθρωπος τῇ πρώτῃ τῶν ἡμερέων θερμότατός ἐστιν αὐτὸς ἑωυτοῦ, τῇ δ' ὑστάτη ψυχρότατος· ἀνάγκη γὰρ αὐξανόμενον καὶ χωρέον τὸ σῶμα πρὸς βίην θερμὸν εἶναι.