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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/458

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par une observation plus exacte[1]. Mais cette opinion déjà plus difficile à défendre pour ce passage que pour l’aphorisme, est tout à fait insoutenable pour le livre Du cœur, qui, lui, parle d’un feu inné, έξμφυτον πύρ, logé dans ce viscère. Il faut donc convenir que pour les hippocratiques, y compris Hippocrate, la chaleur innée a été quelque chose de distinct de la température du corps.

L’auteur du livre De la nature de l’homme regarde la chaleur comme le résultat du mouvement de croissance ; Galien, au contraire, comme la cause de ce mouvement : suivant lui, le corps de chaleur innée produit par l’acte de la conception fait croître le nouvel être et l’entretient ultérieurement. Doit-on concevoir la chaleur innée de l’aphorisme en question comme Galien ou comme l’auteur du traite De la nature humaine ? Pour moi, il me semble que l’autorité de ce dernier doit l’emporter sur celle du commentateur, quelque bonne opinion qu’on ait de sa sagacité et de ses lumières. Personne ne peut avoir eu une connaissance plus précise des idées et du langage d’Hippocrate que les auteurs qui appartiennent à la Collection hippocratique, et dans le fait noire aphorisme ne répugne ni à l’une ni à l’autre explication.

En définitive, Hippocrate, admettant comme Galien, une chaleur innée distincte delà chaleur animale, a créé une entité qui embarrasse inutilement la science. Si chaleur innée est synonyme de force de croissance, elle est sans doute plus forte chez l’enfant le plus jeune, mais elle n’a rien de commun avec la température du corps ; si chaleur innée est synonyme de température, le degré en est le plus élevé non dans l’enfance mais à l’âge adulte.

XVIII. Les Aphorismes ne laissent pas de présenter quelques traces des emprunts qu’Hippocrate a pu faire à une médecine plus ancienne que lui. Il est dit Aph. V, 48 : Les

  1. On sait que la température des enfants est inférieure à celle des adultes.