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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/468

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auront produit les répétitions. Qu’on suppose, par exemple, que, inscrivant à fur et mesure les propositions, il se soit, par intervalles, occupé d’en, déplacer quelques-unes ; qu’on suppose qu’il n’ait pas effacé celles qu’il transportait ainsi ; qu’on suppose, enfin, que le tout ait été publié tel quel après sa mort, et l’on se rendra suffisamment compte de la composition des Aphorismes. Je ne présente ceci que comme un exemple des suppositions qu’on peut faire sur ce thème une fois donné, qui me paraît tout-à-fait certain : c’est-à-dire publication posthume de papiers, où plus d’une fois on suit à la trace l’élaboration des observations et des pensées d’un grand médecin.

XXII. Celui qui essaiera, luttant avec les Aphorismes, de renfermer en aussi peu de paroles autant de sens, comprendra la grande fortune qu’ils ont eue, et le mérite intrinsèque qu’ils possèdent, non inférieur, peut-être, à leur fortune. Ce livre, en aucun temps, sans doute, n’a embrassé toutes les connaissances réclamées par la pratique de l’art, et il les embrasse aujourd’hui moins que jamais ; en outre, il ne nous apprend rien sur les procédés que l’auteur a employés pour acquérir les notions qu’il y a formulées. Néanmoins, aujourd’hui comme jadis, il excite la méditation et fortifie la pensée, genre de service que tous les livres ne rendent pas.

On ne m’accusera point, j’espère, de vouloir faire l’éloge de ce livre, sans aucune réserve. Il est des aphorismes obscurs, bizarres, à peine intelligibles, sujets à toutes sortes de restrictions ; ils frapperont sans peine les yeux du lecteur, et je n’ai pas besoin de les signalera l’avance ; mais ce qui n’a pas été noté, et ce qui, justement pour cela, vaut la peine de l’être, c’est la subtilité singulière qui se montre dans quelques-uns. Cette assertion est contraire à l’opinion commune des interprètes d’Hippocrate : on a toujours prétendu qu’il est éloigné de toute subtilité, et qu’il l’est surtout dans les Aphorismes. On en a fait un des carac-