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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/467

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la publication eu ait été faite du vivant d’Hippocrate ; un auteur n’aurait pas mis sous les yeux du public un livre ainsi composé ; car, alors, de telles répétitions n’auraient plus été que des négligences ; or, si la publication en a été posthume, les aphorismes sont, de fait, postérieurs atout ce qu’Hippocrate a publié ou destiné à la publication : le Pronostic, le traité Des airs, des eaux et des lieux, etc. Et, à vrai dire, les aphorismes l’ont occupé toute sa vie ; car, on vient de le voir, on en trouve des traces dans tous ses ouvrages, soit ouvrages rédigés définitivement pour le public, soit ouvrages formés de notes décousues. L’échange est continuel entre les uns et les autres ; il y a donc eu élaboration incessante, soit qu’Hippocrate utilisât, pour des traités ex professo, les pensées et les faits qu’il avait notés par devers lui, soit qu’il tirât, de ces traités mêmes, des pensées qu’il voulait mettre davantage en saillie en les isolant. Bans l’étroite connexion, qui unit si évidemment aux autres cette partie des œuvres hippocratiques, il sera toujours bien difficile de distinguer ce qui est antérieur et ce qui est postérieur. A vrai dire, on assiste au travail même de l’homme dans ces feuilles détachées, dans ces notes incohérentes qui, par un hasard singulier, sont arrivées jusqu’à nous à travers tant de siècles, et les rapprochements que je viens de mettre sous les yeux du lecteur lui auront prouvé qu’il en est ainsi, car on ne peut se refuser à croire que les Épidémies ne soient un recueil de faits qu’Hippocrate a formé pour son instruction, et où, plus tard, il a puisé sans hésitation.

C’est une considération analogue qui explique la composition des Aphorismes. En effet, ces répétitions que j’y ai signalées ne peuvent pas, je l’ai dit plus haut, provenir d’un interpolateur étranger ; mais, si l’on pense qu’Hippocrate, dans une intention quelconque, avait rassemblé successivement, pour son usage, des pensées, des conseils, des préceptes qui forment aujourd’hui les Aphorismes, alors, on n’aura pas de peine à imaginer quelques circonstances qui