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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/472

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le traducteur, comprenant mal son auteur, a cru qu’Oribase et d’excellents médecins s’étaient réunis au nombre de 72 pour composer les Collections médicales. Cette méprise notée, et après ce long détour, revenons au Commentaire dit d’Oribase. Nous lisons dans la Préface (ed. de Bâle, 1535, p. 8) : Sed et ego ipse commentarios conscripsi, monente Ptolemæo Evergete, post septuaginta perfectissimorum medicorum examinationem, qui una medicinam prælegerunt et philosophicas quæstiones discusserunt. Ce qui est ainsi conçu dans le manuscrit 4888 : Commentare collegi et ordinavi Uribasius, monente Ptolemæo regnante, post septuaginta perfectissimorum medicorum ruminationem, una relegentium et philosophicas quæstiones discutientium. Ainsi l’auteur, quel qu’il soit, du Commentaire, a cru, comme le traducteur latin du Synopsis, qu’Oribase avait réuni auprès de lui 70 des meilleurs médecins pour composer ses extraits. La rencontre dans une pareille erreur ne peut être fortuite ; et l’on doit penser que l’auteur du Commentaire a pris dans la traduction latine cette singulière idée. Il découle de là (ce qui était d’ailleurs démontré par la discussion de Goulin) que cet auteur n’est pas Oribase et est un latin ; mais il en découle aussi, ce me semble, qu’en empruntant ce trait malencontreux, il a voulu sciemment mettre son livre sous le couvert du célèbre médecin de l’empereur Julien. Goulin, qui revient sur ce sujet (même journal, t. 77, p. 342), pense que la phrase citée du Commentaire signifie : « D’après l’exemple donné par Ptolémée (pour la version de la Bible), ces commentaires, que j’ai rédigés, ont subi l’examen de 70 médecins très-habiles. » Mais le sens naturel de la phrase citée est que le commentaire s’est fait d’après l’avis de Ptolémée, et la relation entre ce commentaire et la méprise d’une traduction très-ancienne du Synopsis, montre la source où le prétendu Oribase a puisé. Toutefois il est assez probable que le souvenir de la traduction des Septante et de Ptolémée a amené la substitution du nom de ce prince à celui de l’empereur Julien ; et, en cela, la remarque ingénieuse de Goulin subsiste.

Le Commentaire est accompagné d’une traduction latine, qui est seule dans quelques manuscrits. Cette traduction, fort mauvaise, et que Bosquillon, dans son très-bon travail sur le Pronostic et les Aphorismes, a eu le tort de préférer parfois aux textes grecs, cette traduction, dis-je, a été jugée dans le xiiie siècle par l’auteur inconnu d’une nouvelle édition des Aphorismes en latin. Ce jugement, je le mets sous les yeux du lecteur ; il se trouve dans le manuscrit latin 7102 sous le titre singulier de : Prologus Oribasii in librum aphorismorum Ypocratis. Le voici :

Aphorismorum Ypocratis hujus novæ editionis ea causa extitit, quia antiquæ nullum earum, quæ vitiosis translationibus esse assolent, culpæ genus defuit ; adeo ut nec translatio merito debeat appellari, sed potius veritatis ablatio. Quippe quæ superflua plurima addere, et eorum, quæ ab Ypocrate posita in omnibus græcis codicibus atque expositoribus