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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/695

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j’appellerai l’une fonctionnelle, l’autre chimique. La première, depuis Hippocrate (puisque c’est sur ces matières le premier auteur dont les écrits nous soient arrivés), s’est poursuivie jusqu’à nos jours, expliquant de plus en plus le mécanisme des fonctions et le rôle des organes ; elle fait de grands progrès à Alexandrie entre les mains d’Érasistrate et d’Hérophile ; elle en fait de plus grands encore quand la circulation du sang est découverte, quand on démontre les voies par lesquelles le chyle pénètre dans le système circulatoire ; enfin elle en fait journellement sous nos yeux, et je n’ai pas besoin de signaler ici combien de lacunes, et des plus importantes, elle a encore à combler. Mais cet immense travail, de plus en plus actif, de plus en plus fructueux, s’est passé tout entier et pourrait se continuer indéfiniment sans que la connaissance des conditions qui déterminent la transformation des éléments en substances organiques avançât d’un seul pas. Il n’en est plus de même quand l’autre phase commence : celle-ci ferme la solution de continuité qui existait jusque là entre le monde inorganique et les êtres organisés, entre les organes dont on étudiait le jeu et les matériaux qui les constituent. Dès lors s’ouvre le champ illimité de recherches nouvelles ; et s’il est vrai que le travail chimique, condition de l’existence des tissus, est la base de tout phénomène vital, il est vrai que la chimie est l’anneau entre les sciences inorganiques et la science biologique.

J’ai dit plus d’une fois que, pour saisir les idées anciennes, il est bon de les soumettre au contrôle des idées modernes ; mais il est bon aussi de considérer celles-ci à la lumière de celles-là. Ici, en se plaçant dans le système de la crâse, pour contempler de ce point de vue le développement de la physiologie, on reconnaît au premîer coup d’œil un fait important dans l’histoire philosophique de la science : c’est que deux phases essentielles, mais séparées par un bien long intervalle, l’une physiologique, l’autre chimico-physiologique, doivent être distinguées si on veut concevoir l’en-