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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/696

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chaînement des choses, la valeur des théories et la nature des découvertes.

Il ne me reste plus, pour terminer ces Remarques rétrospectives, qu’à considérer dans la pathologie d’Hippocrate une tentative qui me paraît avoir été une conséquence de l’antique physiologie de l’école de Cos. Il est dit dans le Pronostic, t. II, p. 189 : « Celui qui veut apprendre à présager convenablement quels malades guériront et quels succomberont, chez quels la maladie durera plus de jours et chez quels elle en durera moins, doit juger toute chose par l’étude des signes et par la comparaison de leur valeur réciproque… Il ne faut demander le nom d’aucune maladie qui ne soit pas inscrit dans ce traité ; car toutes celles qui se jugent dans les intervalles de temps indiqués, se connaissent par les mêmes signes. » Cette dernière pensée est explicite, et elle ne fait d’ailleurs que résumer tout le Pronostic ; il est évident qu’Hippocrate a cru pouvoir ranger toutes les maladies aiguës fébriles sous un chef commun et en donner la doctrine générale au point de vue qui lui était propre, c’est-à-dire au point de vue de la prognose (Voy. t. I, p. 451). Aristote dit : « L’art commence, lorsque, d’un grand nombre de notions fournies par l’expérience, se forme une seule conception générale qui s’applique à tous les cas semblables. Savoir que tel remède a guéri Callias attaqué de telle maladie, qu’il a produit le même effet sur Socrate et sur plusieurs autres pris individuellement, c’est de l’expérience ; mais savoir que tel remède a guéri toute la classe des malades atteints de telle maladie, les pituiteux, par exemple, ou les bilieux, ou les fiévreux, c’est de l’art (Métaphys, I, 1, traduction française par MM. Pierron et Zévort). « De même, connaître des maladies isolées, c’est avoir de l’expérience ; connaître assez ces mêmes maladies pour substituer à la description de chacune la description du groupe, c’est avoir une doctrine.

Hippocrate a donc eu une doctrine des maladies aiguës