Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
ÉPIDÉMIES.

proœm.) et, après lui, Desmars (loc. cit., p. 8) l’ont très bien fait remarquer. Ainsi, la première constitution, considérée au point de vue météorologique, s’étend de l’équinoxe d’automne à la fin de l’été ; mais il n’en est plus de même pour la constitution nosologique : il ne la fait dater que du moment ou les intempéries ont eu le temps d’exercer leur action sur le corps, et il ne la termine qu’à l’époque où cessent les maladies engendrées ou modifiées par ces intempéries. Ainsi, dans la première constitution, il ne parle point des maladies du premier automne, tandis qu’il décrit celles de l’automne et même celles de l’hiver de l’année suivante[1]. De même, toutes les fois qu’une maladie régnante ne peut être suffisamment expliquée par les saisons précédentes, Hippocrate remonte plus haut et examine même, s’il est nécessaire, les constitutions des années supérieures ; par exemple, dans la constitution du troisième livre, avant de décrire les quatre saisons de l’année, il déclare que les saisons antérieures avaient été sèches. De son côté, Galien, commentant les maladies de la troisième constitution et ne trouvant pas de causes suffisantes dans les saisons décrites, suppose des intempéries antérieures, à l’aide desquelles il explique les faits rapportés par Hippocrate. Cette manière de procéder est très conforme à la doctrine consignée dans la 3e section des Aphorismes et dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, comme je l’ai fait voir page 185 de mon édition. — Une observation qui n’est pas moins importante, c’est qu’après avoir résumé les traits les plus généraux des intempéries d’une année, Hippocrate signale les saisons qui s’écartent de ce type anormal pour revêtir un autre caractère, et il note les influences particulières que ces écarts exercent. Dans l’appréciation, de l’influence pathogénique des intempéries, outre qu’il tient compte de chaque saison en particulier, Hippocrate considère encore les divers âges, les sexes, le naturel, la constitution et les circonstances accidentelles dans lesquelles se trouvent les individus soumis aux intempéries.

Quand on ne considérerait dans les constitutions que les éléments reconnus par Hippocrate, c’est-à-dire le froid et le chaud, le sec et l’humide, et de plus l’influence des vents réduits à deux, ceux du midi et ceux du nord, elles pourraient être multipliées à l’infini. Galien, par exemple, admet, dans son commentaire sur la troi-

  1. Ces empiétements, sur lesquels Hippocrate ne revient pas expressément et dont on ne trouve point de trace dans la description de la constitution suivante prouvent, pour le dire en passant et contre l’opinion de Grimm (l. c., p. 449), que ces constitutions n’ont pas été observées à la suite l’une de l’autre.