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ÉPIDÉMIES.

sième section des Aphorismes, quatre constitutions simples, quatre composées et une neuvième qui donne la température parfaite. Hippocrate s’est resserré dans de plus justes limites : il semble avoir réduit à quatre toutes les constitutions annuelles. La première sert d’exemple pour les constitutions chaudes et sèches ; la seconde est le type des constitutions froides et humides ; la troisième est remarquable par le froid et la sécheresse. Dans la quatrième dominent la chaleur et l’humidité. Toutefois, il ne paraît pas qu’Hippocrate, dans le livre des Épidémies, se soit proposé de mettre sous les yeux quatre modèles exacts des constitutions qu’on peut regarder comme types ; et il est à présumer avec Desmars (p. 78), qu’il a choisi, parmi toutes les constitutions observées par lui, celles qui se rapprochaient le plus de ces modèles ; aussi, comme je l’ai fait observer plus haut, il n’a pas oublié d’indiquer les traits disparates.

Dans la description des constitutions, Hippocrate se contente d’être un narrateur, un historien exact et précis ; il raconte, mais n’explique pas ; il signale la cause, mais ne recherche point la manière dont elle agit et ne va pas, comme ailleurs, dans le traité des Airs, des Eaux et des Lieux, par exemple (je ne parle ici que des ouvrages légitimes), invoquer des théories humorales pour, combler la lacune qui existe entre les causes et leurs effets. Dans les Épidémies, l’étiologie est à l’état d’observation pure et simple, et c’est précisément ce caractère qui fait le grand mérite de ce livre et qui le met à l’abri de toutes les attaques. Galien, dans ses commentaires, ne s’est pas contenté de cette sage réserve, et il s’est jeté dans toutes sortes d’explications humorales qui le font tomber dans la double faute qu’il reproche à Quintus[1], c’est-à-dire qui le font s’écarter souvent de l’esprit d’Hippocrate et qui le font souvent aussi omettre les choses utiles pour s’attacher à des considérations purement spéculatives et qui ne servent à rien pour la pratique.

Dans les livres attribués avec le plus de fondement à Hippocrate, on retrouve incessamment l’opinion d’une relation entre les maladies régnantes et les constitutions atmosphériques. Dans quelques-uns de ses écrits, cette opinion est évidemment fondée sur la théorie aussi bien que sur l’observation directe, je l’ai fait voir pour le traité des Airs, des Eaux et des Lieux ; mais, dans le traité qui nous occupe, la théorie semble avoir entièrement disparu devant les faits, tandis que pour les successeurs d’Hippocrate la doctrine des constitutions médicales était bien plutôt le fruit d’idées arbitraires sur les quatre humeurs et sur les qualités élémentaires, le froid, le

  1. Comm. I, in Epid. I, in proœm., p. 6.