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ÉPIDÉMIES.

crises, et de même pour les autres. » Galien ajoute qu’il ne reviendra pas sur tous ces points dans ce commentaire ; qu’il ne veut y expliquer que les passages obscurs, et il dit qu’il se contentera de rapporter des exemples particuliers des principes généraux formulés dans le Pronostic, renvoyant pour l’ensemble de la doctrine à ses autres ouvrages[1].

Un peu plus haut, à propos des fièvres, Galien avait également signalé le rapport de doctrine qui existe entre le Pronostic et les Épidémies. Ailleurs encore[2], il dit qu’il faut juger des cas rapportés dans les Épidémies par les principes généraux énoncés dans le Pronostic[3].

M. Houdart (Études sur Hippocrate, p. 340 et suiv.) n’a pas, ce me semble, assez étudié les textes, ou n’a pas complètement saisi la doctrine d’Hippocrate et de Galien quand il accuse le premier de s’être exclusivement borné au pronostic, dans les Épidémies ; qu’il reproche au second de n’avoir commenté les histoires des malades qu’au point de vue de la prognose, et qu’il invoque pour preuve le commentaire sur la première histoire du premier livre. Ce médecin érudit n’a étudié la doctrine d’Hippocrate que pour le sacrifier à celle de Broussais ; il intente un procès en règle au vieillard de Cos ; mais il lui arrive quelquefois de ne pas être parfaitement au courant des pièces de la partie adverse, ou du moins d’en méconnaître la valeur, un peu égaré qu’il est par un esprit de système exagéré. Du reste, Hippocrate a eu de tout temps des détracteurs qui l’ont condamné sans l’entendre. Bien avant Galien et de son temps, ils étaient déjà nombreux ; l’illustre médecin de Pergame se plaît à

  1. Gal., Com. III, in Epid. I, texte 17, p. 251.
  2. Com. I, in Epid. III, texte 29, p. 574. Cf. aussi Com. III (Foës, in prœf. de Morb. vulg.), où Galien dit qu’Hippocrate n’a pas écrit ces livres pour servir à la thérapeutique, mais au pronostic.
  3. Je dois faire remarquer ici que Galien en établissant les rapports qui unissent les Épidémies au Pronostic, regarde le premier traité comme renfermant les éléments du second qu’il croit rédigé après les Épidémies (de Dieb. decretoriis, I, 3, t. IX, p. 781). Au contraire M. Littré pense (t. II, p. 588) qu’Hippocrate avait été déterminé dans le choix de ses observations par le désir d’éclairer et de justifier par des exemples particuliers les leçons renfermées dans le Pronostic, et de rectifier ainsi par des particularités ce qu’il y a de vague, d’indécis, de dangereux même dans les généralités. Il est impossible de savoir lequel des deux critiques a raison sur le fait d’antériorité ; il suffit qu’ils soient d’accord sur le fond de la question. — M. Ermerins, dans sa thèse inaugurale (p. 95 et suiv.), déjà souvent citée dans ce volume, n’a pas manqué non plus de saisir les rapports des Épidémies avec le Pronostic, et il s’est attaché à mettre en regard et à apprécier les principes généraux et les faits de détails consignés dans ces deux ouvrages.