Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/594

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intestins ne peuvent se réunir. Quant aux plaies de l'estomac; on rapporte des cas de guérison ; on dit même que non seulement des plaies profondes du foie se sont guéries, mais qu'on a pu enlever impunément un lobe tout entier; et l'on sait que l'auteur du traité des Plaies dangereuses (que ce soit Hippocrate ou un autre) a entrepris la guérison de semblables blessures.  » Après avoir rapporté l'opinion des autres chirurgiens, Galien énonce la sienne de la manière suivante : « On peut accorder que les plaies du cœur et du diaphragme ne se réunissent point à cause de la mobilité de ces parties, et qu'il en est de même pour les plaies du corps de la vessie, parce qu'il est nerveux (fibreux) et exsangue; mais on sait, par l'opération de la taille, que les plaies faites au col de cet organe sont susceptibles de réunion. Quant aux plaies du foie, elles causent de grandes hémorragies, et les malades meurent avant qu'elles se soient guéries. Ainsi, ils s'écartent de la vérité, ceux qui disent avoir vu se guérir des plaies même superficielles du foie ; ils s'en écartent surtout, ceux qui prétendent avoir vu enlever impunément des lobes tout entiers. Quand mon précepteur Pélops vivait encore, j'ai observé, à Smyrne, en Ionie, un homme qui guérit d'une grande plaie du cerveau; mais on sait que les plaies qui pénètrent dans les ventricules sont de nécessité mortelles. Les plaies superficielles de l'estomac et des petits intestins se guérissent quelquefois; celles qui sont pénétrantes se réunissent rarement. Je ne crois pas que ce soit à cause de la nature de leur substance, mais parce qu'on ne peut pas y porter de médicaments comme sur les plaies externes. Aussi l'auteur du traité des Plaies dangereuses [ouvrage perdu] traitait les plaies du canal intestinal par des médicaments pris à l'intérieur.  » Je tenais à rapporter ce commentaire en entier pour fixer l'état de la science ancienne sur la question de pathologie chirurgicale soulevée par Hippocrate. Si l'on compare ces données avec les résultats de l'observation moderne, on trouvera que les propositions d'Hippocrate et de Galien sont vagues, que certaines sont inexactes et d'autres fausses. Je ne veux point abuser de l'espace qui m'est donné pour établir des rapprochements que chacun pourra faire, en consultant le premier ouvrage de chirurgie qui lui tombera sous la main, de La Motte, Boyer, Cooper, Dupuyren, Chléius, par exemple.

(132) Aph. 19. - 132. Galien pense que les chairs peuvent se régénérer, mais que ni les cartilages ni les os ne peuvent se reproduire. « Pour ce qui est des fractures, dit Galien, p. 30), on se trompe en pensant que les fragments des os peuvent se rejoindre. Il est facile de se convaincre du contraire à l'inspection du cal qui se forme dans les fractures chez certains animaux. Qu'on les examine morts ou vivants,